Les partis politiques sont en ordre de bataille, comme on peut bien le constater à travers les discours qui émanent des quartiers généraux depuis quelques semaines. Le porte-parole du gouvernement a annoncé récemment qu’après le 31 décembre 2024, la transition guinéenne entrera dans sa phase de refondation. Une déclaration qui conforte désormais chez les acteurs politiques la volonté de la junte de ne pas rendre le pouvoir en 2025.
A l’Union des Forces Républicaines (UFR), on estime que le CNRD n’a pas réussi à atteindre ses objectifs dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel après trois ans au pouvoir. ‘’La transition est censée être une période de stabilité. C’est censé être une période de reconstruction institutionnelle. Ils ont passé les trois années comme s’ils n’avaient pas de feuilles de route. A la fin de celle-ci, on nous sort un nouveau concept qu’on appelle la refondation. C’est le nouveau concept que les membres de la transition utilisent pour rallonger cette période transitoire. Ça fait trois ans qu’ils sont au pouvoir…. Ils nous ont promis qu’ils allaient quitter le 31 décembre. Etant donné que cette période, on entend un nouveau concept : la refondation. Ils veulent vraiment donner un nouveau nom à cette refondation pour dire que la période de transition est finie, y a une seconde période qui va venir, qui est appelée la période de refondation. Nous leur avons dit que si les trois années n’ont pas suffi pour faire la transition et refonder, ça suffit comme ça. On est fatigués, on est rassasiés. Ils n’ont qu’à laisser à d’autres guinéens refonder ce pays. D’autres guinéens peuvent refonder ce pays”, a dénoncé Nsira Bangoura, membre du Bureau exécutif de l’UFR.
L’ancien parti au pouvoir quant à lui assure qu’après le 31 décembre 2024, une nouvelle ère va s’ouvrir en Guinée. Le RPG Arc-en-ciel annonce des mobilisations des forces vives pour barrer la route à tout projet de confiscation du pouvoir par la junte. ‘’La transition est en train de finir. Et à l’extérieur du pays, les forces vives de Guinée assistées par tous les africains, tous les panafricains, sont en train de se mobiliser pour faire comprendre au monde entier ce qui se passe en Guinée. Si vous regardez les médias, on parle de tous les coups d’État, sauf le coup d’État guinéen. Est-ce qu’il ne s’agit pas d’un coup d’État en Guinée? Le cas de la Guinée, est-ce qu’il ne s’agit pas d’un coup d’État ? Mais il y a énormément de temps sur la Guinée. Et les forces vives vont relever ce défi en informant la communauté internationale et tous les panafricains que la Guinée est sous une dictature. C’est un coup d’État qui est en train de soumettre le peuple de Guinée. Et le peuple de Guinée ne l’acceptera jamais. Nous avons fait preuve de résilience. Depuis ce coup d’État, nous aurions pu faire beaucoup de choses. Mais pour la paix dans le pays, pour le bien des guinéens, surtout nous, RPG Arc-en-ciel, nous avons été républicains. Mais à partir du 31 décembre, nous savons que c’est une nouvelle ère qui va commencer en Guinée. Et nous demandons à tous les citoyens guinéens, à tous ceux qui sont épris de paix et de justice, de rester mobilisés, de rester mobilisés pour que notre pays retrouve l’ordre constitutionnel”, a faut savoir Aboubacar Demba Dansoko, membre du bureau politique du RPG Arc-en-ciel
L’union des forces démocratiques de Guinée reste pour sa part focus sur le 31 décembre 2024. Le parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo n’a d’ailleurs pas compris l’attitude de la CEDEAO vis-à-vis de la transition guinéenne.
“Nous avons pris connaissance du communiqué final issu de la réunion des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, mais il nous paraît en décalage avec les préoccupations fondamentales de la majorité du peuple guinéen. En effet, ce communiqué fait abstraction des aspirations légitimes de notre peuple à plus de démocratie, de justice et de dignité, surtout dans un contexte marqué par les abus de la junte au pouvoir. Le non-respect des textes et principes fondamentaux de l’organisation constitue une menace pour la stabilité régionale. En tolérant de tels comportements, la CEDEAO risque d’encourager l’idée que l’accès au pouvoir ne passe plus par les urnes, avec des conséquences graves pour la démocratie et la paix dans la sous-région. Cependant, nous, forces vives, membres de l’ANAD et de l’UFDG, n’attendons rien de quiconque pour mener ce combat. Il appartient au peuple guinéen de s’organiser et de se mobiliser contre cette tentative manifeste d’instaurer une nouvelle dictature dans notre pays. Nous avons été clairs depuis le 22 avril dernier : pour nous, la transition prend fin le 31 décembre 2024. Si cette échéance n’est pas respectée, le CNRD perdra toute légitimité pour conduire la transition. Nous exigerons alors la mise en place d’une transition civile avec pour seul objectif le retour à l’ordre constitutionnel”, prévient Souleymane Souza Konaté, conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo.