Depuis la matinée de ce lundi 26 février 2024, ce sont des éléments audiovisuels en lien avec les évènements du 28 septembre 2009 qui sont projetés par le tribunal après la déposition des témoins il y a quelques jours. Un audio a été fait écouter par le tribunal à 14 heures passées à la suite de la projection de deux vidéos comportant des entretiens que le capitaine Moussa Dadis Camara avait accordés à des journalistes alors qu’il était en fonction. L’audio est intitulé ‘’ Chef d’État-major de la gendarmerie cassette 1’’.
Dans cet élément, une dame semble être au bout du fil. Elle demande à l’ex-chef d’Etat-major de la gendarmerie au tour du sujet de déploiement des hommes du colonel Moussa Tiegboro Camara le jour de la manifestation des forces vives à l’époque. « Vous savez, je vous ai parlé du caractère spécial du département de monsieur le ministre Tiegboro. Mais au même moment, il faut prévoir que lorsqu’il y a des mouvements de foule, logiquement, les éléments qui sont sous sa main qui travaillent dans le cadre de la lutte contre le banditisme doivent être déployés. C’est extrêmement important. Pas pour faire le maintien d’ordre, mais pour veiller à ce que les gens qui n’ont rien à voir avec la manifestation profitent de la situation. C’est pourquoi je te parlais tout à l’heure par exemple des casses. Les loubards profitent généralement des manifestations pour s’attaquer aux boutiques et magasins. C’est un principe classique. Nous avons des gendarmeries mobiles qui sont spécifiquement dans le cadre de maintient d’ordre. Ici en Guinée, il faut forcément lier tous les mouvements de foule au banditisme. Parce que généralement, ce sont ces bandits-là qui sont dans leurs quartiers qui sont utilisés pour les manifestations. Et c’est un enjeu pour la République de Guinée. C’est ce que j’ai dit aux gens de la commission. Je dis, vous êtes venus, vous ne cherchez même pas à comprendre. Vous avez un objectif, continuez à suivre cet objectif. Mais est-ce que vous avez cherché à comprendre la sociologie criminelle dans ce pays-là ? Est-ce que vous savez qu’on paie les gens jusqu’à hauteur de 2 millions de francs guinéens pour qu’ils sortent pour casser ? Est-ce que savez qu’il y a une sorte de cartel criminels qui sont montés, qui sont là disposés, chaque fois prêts à sortir et à casser, qui n’ont rien à voir avec la volonté d’un individu par rapport à l’idéal d’un parti politique. Mais on dit, bon, on veut emmerder, ces gens-là, ils sont là-bas, allons les chercher. Donc les citoyens qui devraient combattre ces genres de comportement dans le pays alimentent ça », regrette le général à la retraite Ibrahima Baldé en répondant à la question de son interlocutrice.
L’ex-chef d’Etat-major de la gendarmerie affirme qu’il y a un autre phénomène qu’il regrette. Selon lui, il y a certaines mosquées où des fidèles cultivent la haine contre leurs prochains.
Vers la fin de l’audio, certaines parties au procès ne comprenaient pas beaucoup ce que le général Baldé dit, d’autres pas du tout. Le technicien chargé de la projection a informé qu’il peut améliorer la qualité sonore si on lui donne le temps de traiter les éléments.
Le parquet a alors sollicité le renvoi du dossier. Le juge a accédé à sa demande. L’affaire est renvoyée au 27 février pour la suite des débats.