Il y a quelques mois en arrière, le Guinéen aurait juré en avoir fini définitivement avec les sombres moments d’une capitale plongée dans le noir, ou soumises à des délestages devenus presque normaux, durant plusieurs heures. Ces derniers temps, les rares coupures d’électricité qu’enregistraient certains quartiers de Conakry avaient des explications techniques tenables, soutenues par des pannes au niveau des installations. Mais ce que vit actuellement la population guinéenne rappelle les années où l’électricité était encore de l’ordre du luxe.
Jusque-là, les solutions envisagées ne sont que des sortes de rafistolage qui peinent à toucher réellement la source du problème. Comme très souvent, nous faisons face à nos défis de manière conjoncturelle, et non structurelle. Alpha Condé l’avait compris, c’est pourquoi il a accru la production, de sorte à en disposer suffisamment pour prétendre même en exporter vers les pays voisins. Alors comment convaincre le Guinéen de patienter encore en 2024 pour avoir le courant seulement 12 heures par jour? La faute à une mauvaise approche.
À entendre les différentes solutions qui se peaufinent pour juguler cette nouvelle crise de l’électricité, on s’aperçoit bien que nous privilégions encore des solutions conjoncturelles aux structurelles. Bien entendu, je suis d’accord qu’il faille faire face au conjoncturel pour ensuite avoir le temps d’examiner le structurel. Sauf que la vision vers cette approche d’efficacité ne se dessine pas encore. La vérité est qu’en 65 ans, nous avons été incapables de bâtir une société d’électricité efficace, autonome et capable de résister aux chocs endogènes.
Il aura fallu justement une petite raréfaction des ressources financières, quelques mois seulement d’étiage et l’explosion du dépôt d’hydrocarbures, pour que notre politique énergétique s’effondre. Les politiques publiques dans ce domaine n’ont jamais été courageuses, obligées de combiner avec de petits calculs politiques. Face à la crise persistante, la réponse en cours d’études sonne déjà comme un aveu d’impuissance. Lorsque le Premier ministre affirme, à juste raison, que la location et la mise en service d’un bateau qui a pourtant longtemps permis de juguler ce genre de crise, est trop coûteuse, cela démontre que la solution n’est pas à portée de main. Mais c’est surtout pour dire que la crise pourrait encore perdurer.
Pourtant, face à la baisse objective du niveau d’eau dans les retenues des différents barrages hydroélectriques, l’arrivée de ce bateau et la mise en production maximale de différentes centrales du pays, sonneraient sur le plan économique comme un accroissement de la production. Qui dit accroissement de la production, déduit maintien de la clientèle, maintien de la consommation, et donc, accroissement du profit.