La journée a été très longue ce jeudi pour les dix vendeurs des produits pharmaceutiques à la cour de répression des infractions économiques et financières. Placés sous mandat de dépôt le 28 novembre dernier, ces prévenus sont tous poursuivis par le ministère public en flagrant délit pour atteinte à la santé publique, usurpation de fonction, exercice illégal de fonction de pharmacien.
Ce jeudi, l’audience a été exclusivement consacrée à la phase des réquisitions du parquet et plaidoiries des avocats. A tour de rôle, les conseils ont déroulé leur argumentaire chacun, soit pour enfoncer le prevenu ou pour plaider la cause du client.
Dans sa narration, maître Faya Gabriel Kamano de la partie civile, après avoir étayé avec des preuves la gravité de cette activité de vente illégal des produits pharmaceutiques, a dans ses prétentions, demandé à la cour de condamner chacun des prévenus en civil au payement de trois milliards de francs guinéens et les frapper d’une interdiction de séjour au marché madina pendant cinq ans.
Pour avoir tous reconnus les faits à eux reprochés, le ministère public représenté par Moustapha Mariama Diallo a lui demandé de retenir tous les prévenus dans les liens de la culpabilité. Pour la répression, qu’ils soient condamnés au payement de 25 millions de francs guinéens chacun et à une peine d’emprisonnement de trois ans. Le procureur a également sollicité de la cour qu’il soit ordonné l’incinération des produits saisis au frais des prévenus.
“Monsieur le président, depuis quelques temps les autorités guinéennes sont farouchement engagés contre cette pratique illégale de l’exercice médical. Ce procès qui est prémier du genre chez nous ici doit servir de dissuasion pour des potentiels candidats qui veulent se lancer dans cette pratique. C’est pourquoi nous vous demandons que la décision soit ferme afin d’envoyer un message fort à l’opinion puisque l’audience est publique’’ s’est exprimé le représentant du ministère public.
A partir du moment où l’ensemble des prévenus ont reconnus les faits à eux reprochés, la défense a plaidé pour une circonstance atténuante. “Nous pensons qu’il ne faut pas dramatiser les choses. Monsieur le président ce sont des pères de familles, ils sont à leur troisième semaine en détention. La vente illicite des produits pharmaceutiques est une pratique certes interdite mais nous l’avons hérité du passé. Pour preuve, la polygamie est interdite en Guinée mais l’officier de l’état civil qui célèbre le mariage à deux femmes, le député a trois femmes, c’est le même pour l’excision etc. C’est pourquoi monsieur le président nous vous demandons de ne pas suivre le parquet. Nous vous sollicitons une clémence lorsque vous serez dans vos délibérations’’, a plaidé maître Salifou Béavogui de la défense.
“On aime dire que nul n’est censé ignorer la loi, mais dans tous les pays du monde l’ignorance est une circonstance atténuante. Et ceux qui sont devant vous maintenant sont tous des illettrés’’, a poursuivi un autre avocat de la défense.
Pour rappel, ces dix vendeurs ont été nterpellés au marché Madina dans la soirée du 17 et la matinée du 18 novembre, puis placés en détention préventive à la maison centrale le 28 novembre. Après les discussions, l’affaire a été renvoyée au jeudi 28 décembre prochain pour décision être rendue.
MLYans