Ce mardi 5 septembre 2023 marque, jour pour jour, l’an 2 de la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, renversant par la force le régime du président Alpha Condé. Il crée alors le comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Deux ans après ce coup d’État, c’est l’heure du bilan.
Ce bilan est commenté par l’ensemble des acteurs de la vie nationale, avec une bonne frange qui estime que l’essentiel n’est pas mis en œuvre par la junte, notamment la question du retour à l’ordre constitutionnel. Le coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG) a dressé un bilan mitigé sur l’avancée de cette transition guinéenne, ouverte le 5 septembre 2021.
Abdoul Sacko affirme que le colonel Mamadi Doumbouya n’a pas honoré les engagements pris lors de son arrivée au pouvoir. « Le CNRD a trahi le discours qui a été vendu au peuple. Les libertés sont autant bafouées aujourd’hui qu’avant l’arrivée du CNRD. C’est la première fois qu’on interdit systématiquement tout droit de manifestation de rue. C’est une trahison. Dans l’histoire de la Guinée, c’est la première fois qu’un gouvernement prend un communiqué pour suspendre pendant tout le temps, que sa gouvernance existerait, les manifestations de rue », déplore-t-il.
Malgré ce bilan mitigé, Abdoul Sacko reconnaît tout de même quelques points salutaires : « il faut saluer le CNRD par rapport aux chantiers qu’ils ont trouvés, même si l’éthique et la déontologie auraient voulu qu’ils reconnaissent qu’ils ont boosté les choses qu’ils ont trouvées, mais cela n’est pas le cas. La question qu’il faut se poser, c’est à quel prix ces chantiers ont été boostés ? », A-t-il laissé entendre.
Le coordinateur du Forum des forces sociales, parlant de la justice, dit que le slogan “la justice comme boussole de la transition” a été piétiné : « Les magistrats ont suffisamment fait le diagnostic catastrophique de ce qu’ils vivent en termes de justice. C’est la première fois qu’on assiste à une telle dimension de déchirure au sein de l’appareil judiciaire. Aujourd’hui, le CNRD a trahi totalement tous ses engagements », a témoigné Abdoul Sackho.
Mamadou Barry
