C’est une rencontre très attendue pour le mois d’octobre prochain à Conakry. Une exposition photo dont le but est de sensibiliser les populations sur l’albinisme, réduire la stigmatisation à l’endroit des personnes atteintes d’albinisme et ressortir toute la beauté d’un monde qui accepte toutes les personnes.
L’evenement est organisée par une jeune passionnée de photographie. Cette exposition photo se déroulera le 28 octobre prochain à la Bluezone de Kaloum. “Elle vise à déconstruire les stéréotypes et les préjugés associés à l’albinisme. C’est une façon de rendre hommage à la force et à la résilience des personnes atteintes d’albinisme, mais aussi une façon de faire appel à la compréhension et à la tolérance. En gros, cette exposition a pour objectif de favoriser l’inclusion sociale des personnes atteintes d’albinisme, mais aussi de sensibiliser la population sur les questions liées à l’albinisme“, explique Fatoumata Diaraye Sacko, initiatricede cette exposition photo.
La particularité de ce rendez-vous qui sera à sa première édition réside dans le fait qu’il va permettre de montrer au grand public un monde inclusif, “loin de la discrimination et de la stigmatisation, un monde où les personnes atteintes d’albinisme s’assument et s’acceptent enfin, un monde où la population devient compréhensive et tolérante, qui ne voit plus l’albinisme comme un frein ou une maladie contagieuse. En gros, c’est un monde inclusif où chacun a sa place sans distinction“, ajoute Fatoumata.
L’initiative à la base de cet événement réside dans le vécu personnel de Fatoumata Diaraye Sacko. Elle remonte à quelques années en arrière, lorsque l’organisatrice était encore étudiante. Un jour en rentrant de la fac, elle est témoin dune scène assez courante dans nos sociétés, mais très interpellative. “C’est une histoire qui m’a vraiment touchée et qui m’a poussée à trouver un moyen d’apporter mon aide aux personnes atteintes d’albinisme. Je sortais de l’école, on avait fini les cours à l’université et je sortais de la cour de l’université. Et devant moi, il y avait deux autres jeunes filles qui sortaient également de la cour. Dehors, il y avait deux enfants atteints d’albinisme qui étaient sortis pour mendier afin de trouver de quoi manger ce jour. Quand ces jeunes filles sont sorties, les enfants sont venus s’accrocher à elles. Elles ont commencé à sauter, à crier, à hurler comme si c’était des monstres qui étaient venus vers elles. L’une s’est d’ailleurs crachée dessus et elles sont parties en courant. C’est une scène qui m’a touchée, qui m’a fait très mal. Je me suis demandé pourquoi cette réaction. Est-ce que les personnes atteintes d’albinisme sont des monstres? Pourquoi ne sont-elles pas des êtres humains comme nous autres? Je me suis approchée des enfants, j’avais quelques sous et je leur ai donné. Ce jour, je me suis demandé comment faire pour apporter mon soutien aux personnes atteintes d’albinisme. Je ne savais pas comment m’y prendre. Un an après, j’ai appris à faire des photos, une idée m’est venue en tête. Pourquoi ne pas faire une exposition photo sur l’albinisme? Ce serait ma façon de faire du monde un meilleur endroit pour chacun de nous“, raconte Fatoumata Diaraye Sacko.
En faisant voir au grand public, aux institutions et autres personnes ayant encore des appréhensions négatives sur les personnes atteintes d’albinisme, Fatoumata Diaraye Sacko entend faire comprendre “que les personnes atteintes d’albinisme sont comme nous. Et nous avons tous été créés par le même Dieu. C’est pourquoi, cette fois, j’ai choisi de faire mon exposition sur les personnes atteintes d’albinisme dans le thème « L’albinisme, loin de la stigmatisation”. À travers cette exposition, je souhaite rappeler à la population que chaque personne est belle et unique à sa manière”.
En Guinée, il existe plusieurs organisations non gouvernementales qui œuvrent dans la protection des personnes atteintes d’albinisme. Cependant, le défi est encore immense, notamment dans la sensibilisation de la société et la création d’un environnement favorable à leur insertion et leur épanouissement sociale.
Selon l’initiatrice de cette exposition photo, “les personnes atteintes d’albinisme sont vues par la société comme des êtres surnaturels, dotés de pouvoirs maléfiques ou bénéfiques et la plupart du temps, chaque fois qu’on voit une personne atteinte d’albinisme, le premier réflexe est de se cracher dessus. Même moi, à un moment donné de ma vie, quand je voyais une personne atteinte d’albinisme, je me crachais dessus. Parce que, en fait, c’est ce qui m’a été dit auparavant. Nos anciens ont mis ça dans nos têtes, c’est devenu un réflexe et c’est resté. Au fil du temps, je me suis rendu compte que les personnes atteintes d’albinisme ne sont pas ce que nos anciens nous ont dit. Ce sont des êtres humains comme nous. C’est là que j’ai commencé à accepter les personnes atteintes d’albinisme et à m’intégrer auprès d’eux”, soutient-elle.
Pour mieux appréhender ce regard social sur la question de l’albinisme, Fatoumata a réalisé, dans le cadre de ce projet, une enquête de terrain dans les communes de Ratoma et Matoto pour comprendre ce que la population pense de l’albinisme. “On a remarqué que la plupart des gens ne savaient pas ce qu’était l’albinisme. Ils ne voulaient pas en parler. Ils ont eu des pensées biaisées sur l’albinisme. Au delà de l’exposition, on a invité un médecin spécialiste pour parler de l’albinisme. Le médecin va faire comprendre à la population beaucoup de choses sur l’albinisme”, conclut notre interlocutrice.
Rendez-vous donc le 28 octobre 2023 à la Bluezone de Kaloum pour découvrir cette belle exposition photographique.