Ce jeudi 10 avril, Dr Mohamed Diané a été interrogé sur les faits d’enrichissement illicite devant la chambre des appels, à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières, au compte de son procès en appel. L’ancien ministre de la défense a été soumis à un feu roulant de questions par le juge, le ministère public et les avocats de la partie civile.
Le prévenu a reconnu la paternité de certains biens, et non beaucoup d’autres. Même si les éléments de réponse apportés n’ont pas convaincu les avocats de la partie civile. Ceux-ci sont pour que Dr Mohamed Diané soit encore retenu dans les liens de la prévention en appel.
« Venir dire que certains biens identifiés sous des prête-noms n’appartiennent pas aux prévenus, c’est tout à fait normal. C’est de bonne guerre. On veut bien que le prévenu fasse venir les personnes dont les noms figurent sur les immeubles identifiés par l’accusation, pour que ces personnes viennent ici justifier l’origine licite des biens immatriculés en leur nom. J’ai posé des questions sur les immeubles immatriculés au nom de ces enfants, au nom de son épouse. D’une part, il fait savoir que sa femme est une femme d’affaires et qu’elle a la mesure d’acquérir des biens à Nongo, où est la preuve de cette déclaration. Je lui ai posé la question, avec plus de 3 milliards sur votre compte, des immeubles en duplex construits un peu partout, où habitez-vous à Conakry ? Il dit qu’il habite quelque part à Petit Simbaya. Est-ce qu’il est en location ? Il vous dit qu’il est en location. On lui demande de produire la preuve du contrat de location. Il n’est pas en mesure de vous produire cela. Donc, avec des déclarations aussi non-convaincantes, nous sommes davantage convaincus que M. Mohamed Diané mérite d’être retenu à nouveau dans les liens de la prévention en appel », a sollicité Me Pépé Antoine Lamah.
Ce n’est pas la lecture des avocats de la défense. Eux ont soutenu la position de leur client selon laquelle, les 80% des biens attribués au prévenu ne lui appartiennent pas.
« Aujourd’hui, le débat, c’est autour de l’enrichissement illicite. C’est qu’on part du principe que le Dr Diané a des biens et que ces ressources ne lui permettaient pas de les justifier. Sauf qu’il ressort quand même de la décision, et je pense que toutes les parties sont d’accord, que les 80% des biens qui lui ont été attribués dans le premier jugement ne lui appartiennent pas. Et donc, il appartiendra à l’agent judiciaire de l’État et au procureur de démontrer que ces biens-là lui appartiennent. C’est pourquoi les questions ont été posées par le ministère public et par l’agent judiciaire de l’État. Ça a pris trop de temps. Nous avons estimé qu’il était absolument nécessaire pour nous de demander un renvoi afin que nous puissions nous retrouver avec notre client et préparer sa défense avant la prochaine audience », a indiqué Me Almamy Samory Traoré au sortir de l’audience.
La demande de renvoi sollicitée par la défense a été acceptée par la Cour. Le juge a renvoyé l’affaire au 17 avril prochain pour la suite des débats.