De nombreuses personnes en conflits avec la loi continuent de souffrir de détention préventive prolongée dans certaines prisons de la Guinée. Pas plus tard que lundi, un jeune mendiant a été jugé et déclaré non coupable d’attentat à la pudeur, après avoir passé 3 ans et 4 mois en détention à la maison centrale de Coronthie.
La détention préventive est l’emprisonnement d’une personne qui n’a pas encore été jugée. En Guinée, elle est bien encadrée par la loi. « En matière correctionnelle, le code de procédure pénale dit que c’est 4 mois renouvelables une fois. En matière criminelle, c’est 6 mois renouvelable une fois », rappelle le responsable de communication de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen.
La détention préventive prolongée est récurrente en Guinée par la faute de certains juges, affirme Alseny Sall.
« Souvent les juges se focalisent sur des arguments selon lesquels, les personnes mises en cause ne peuvent pas donner de garantie permettant de le placer sous contrôle judiciaire en attendant l’organisation de son procès. Même si ce sont des infractions mineures, les juges préfèrent recourir à la détention », regrette-t-il.
Une personne victime de détention préventive prolongée peut demander des réparations. Cependant beaucoup renoncent à cette procédure. « A cause de la lourdeur et de la lenteur qui caractérisent le fonctionnement de la justice. Les gens, lorsqu’ils bénéficient de la liberté, ils préfèrent ne pas engager cette action parce que cela peut leur créer d’autres problèmes », a indiqué l’activiste des droits de l’homme.
« Pour nous, la solution à cette problématique, il faudrait que les juges aient le courage de comprendre que le principe, c’est la liberté et l’exception, c’est la détention », préconise Alseny Sall.
