Dissolution du gouvernement Goumou : ce que nous savons des raisons (Exclusif)

C’était l’information la moins attendue en cette fin de journée du lundi 19 février 2024. Alors que le gouvernement reprenait les activités au lendemain de la table ronde des investisseurs, tenue à Dubaï dans le cadre de la recherche de financement pour le programme de référence intérimaire (PRI), le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya,  a pris l’opinion publique de cours en annonçant en fin de soirée de ce lundi la dissolution de son gouvernement.

Pourtant, la table ronde de Dubaï a été présentée comme une totale réussite car l’Etat guinéen était parti à la recherche d’un financement de l’ordre de 3 milliards de dollars et a obtenu à la fin des travaux des promesses de l’ordre de 7 milliards de dollars.

La raison de ce limogeage n’est donc pas d’ordre économique encore moins sur la performance du gouvernement car, à voir de plus près les résultats obtenus par cette équipe, il est difficile de croire que le bilan ait été la cause de ce lavage à  grande eau. Ce qui nous a amené à poser des questions à un certain nombre de sources des palais, à la fois au palais présidentiel, mais aussi le Palais de la colombe.

Selon les informations glanées ça et là, les motivations réelles de cette dissolution du gouvernement ne sont pas liées à la performance de l’équipe. La dernière bouille entre le Premier ministre, chef du gouvernement, et le ministre de la Justice, bombardée récemment ministre d’État, a eu raison de l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Il vous souviendra qu’il y a quelques jours, le chef du gouvernement a attiré l’attention du garde des seaux sur l’existence d’injonctions aux fin des poursuites judiciaires qui s’accumulaient les unes sur les autres alors qu’en réalité aucun résultat palpable n’a été donné, aucune suite n’a été présentée de l’ensemble des poursuites lancées contre la plupart des cadres, y compris ceux appartenant à l’ancienne administration, encore moins ceux de la nouvelle administration.

L’essentiel a été interdit de quitter le territoire, leurs documents de voyage saisis à cause de ces poursuites. Bernard Goumou a demandé au Secrétaire général de la présidence de la République, le général Amara Camara, de faire des dérogations et délivrer des ordres de mission afin que des cadres puissent effectuer ce voyage. Ce qui fut fait d’ailleurs.

De retour donc en Guinée, ce lundi le gouvernement a repris ses activités mais le Premier ministre Bernard qui n’a pas toléré la réponse qui lui a été servie par le ministre de la Justice, a pris la décision de suspendre ce dernier du gouvernement, ce qui a encore amplifié la crise et conduit l’affaire devant le président. Même si la décision n’a pas connu de publicité,  Alphonse Charles Wright avait été suspendu du gouvernement ce lundi matin par Bernard Goumou.

Au palais Mohamed V, les conseillers du  président n’ont pas tardé à réussir à convaincre Mamadi Doumbouya du bien fondé de la démarche du Premier ministre qui avait estimé que les injonctions aux fins de poursuites judiciaires décernées contre les directeurs des affaires financières (DAF), n’avaient aucun sens si les ordonnateurs principaux des différents départements et des IPA ne sont pas concernés. Pour Bernard Goumou, il n’y avait donc aucun sens à poursuivre les DAF alors que le ministre qui est son patron direct n’a pas été poursuivi.

Selon nos sources, ces explications ont réussi à emporter la conviction du général Mamadi Doumbouya qui a pris la décision de remercier l’ensemble de l’équipe gouvernementale.

Ce qui explique finalement les mesures conservatoires annoncées par le chef d’État major général des armées, à commencer par le gel des comptes de l’ensemble des membres du gouvernement, le retrait des documents de voyage, entre autres.

Author: La Rédaction

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