Dossier Ibrahima Kalil Cherif : la Guinée et le Libéria sont-ils passés à côté d’une crise majeure ?

L’affaire fait le chou gras de la presse libérienne depuis quelques semaines. L’arrestation d’un citoyen ressortissant guinéen du nom de Ibrahima Kalil Cherif,  accusé de tentative de déstabilisation de la Guinée attire encore toutes les attentions. Selon les médias libériens, les deux pays ont frôlé une crise sécuritaire majeure dans la préparation de l’extradition du nommé Cherif.

Au sein du cercle de la présidence libérienne, beaucoup sont encore perplexes : comment un petit jet privé a-t-il pu obtenir le droit d’atterrir à l’aéroport international Roberts peu après minuit le dimanche 3 novembre 2024, à la poursuite d’un ressortissant guinéen accusé d’avoir tenté de recruter d’anciens rebelles du Lurd dans le but de renverser le gouvernement du chef de la junte, Mamady Doumbouya et son Comité national de réconciliation et de développement (CNRD) ?, informe frontpageafricaonline.

Le fait qu’une telle opération ait été menée dans l’obscurité et en dehors des canaux existants de l’Union du fleuve Mano et de la CEDEAO a suscité des tensions entre le Liberia et son voisin, la Guinée. Plus important encore, le problème semble ressusciter des échos du passé récent du Liberia.

La disparition d’un prisonnier détenu sans décision de justice est alarmante, rappelant les meurtres mystérieux d’auditeurs dans le précédent gouvernement de la Coalition pour le changement démocratique de George Weah. Les successeurs de Weah, le Parti de l’unité (UP), se sont présentés aux élections, promettant le changement et la bonne gouvernance. Aujourd’hui, près d’un an plus tard, l’UP se retrouve embourbé dans une controverse concernant la remise d’un accusé à une junte militaire alors que les critiques affirment qu’il existe des processus sous-régionaux et internationaux établis pour résoudre les griefs internationaux.

En vertu de l’article IV de la convention de la CEDEAO : « L’extradition ne sera pas accordée si l’infraction pour laquelle la demande est formulée est considérée comme une infraction politique ou une infraction connexe à une infraction politique. » Deuxièmement, selon la convention, « la même règle s’applique s’il existe des motifs sérieux de croire qu’une demande d’extradition pour une infraction pénale de droit commun a été formulée aux fins de poursuivre ou de punir une personne en raison de sa race, de sa tribu, de sa religion, de sa nationalité, de ses opinions politiques, de son sexe ou de son statut. » Troisièmement, selon la convention de la CEDEAO, « la mise en œuvre du présent article ne porte pas atteinte aux obligations antérieures ou futures assumées par les États en vertu des dispositions de la Convention de Genève du 12 août 1949 et de ses Protocoles additionnels et d’autres conventions internationales multilatérales. » L’article 5 stipule : « Peines ou traitements inhumains ou dégradants L’extradition ne sera pas accordée si la personne dont l’extradition est demandée a été ou serait soumise à la torture ou à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans l’État requérant ou si cette personne n’a pas bénéficié ou ne bénéficierait pas des garanties minimales en matière de procédure pénale, telles que contenues dans l’article 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. »

Dans le passé récent du Libéria, les efforts visant à extrader des prisonniers politiques soupçonnés d’actes similaires n’ont pas été couronnés de succès. Par exemple, sous l’administration de l’ancien président William V.S. Tubman, un Libérien du nom de Booker T. Bracewell a été accusé d’être socialiste et opposé à Tubman. Il s’est enfui du Libéria pour la Guinée. Tubman a demandé au président Sékou Touré de le renvoyer. Bracewell a été renvoyé, arrêté par le gouvernement libérien, envoyé à Belle Yalla et tué. Il était le frère de Dean Danlette Bracewell, qui était à l’Université du Libéria au début des années 1980, et de Poman Bracewell, qui était le conseiller juridique de Firestone dans les années 1970.

De même, plusieurs Libériens ont fui vers la Côte d’Ivoire après l’invasion de Thomas Quiwonkpa le 12 novembre 1985. Parmi eux se trouvait Prince Johnson, qui deviendrait plus tard le chef de la faction dissidente du mouvement rebelle du Front national patriotique de Charles Taylor. L’homme politique Samuel Dokie et de nombreux Libériens comme Tonie King, le gendre de Tolbert, se trouvaient également en Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien de l’époque a refusé de les arrêter et de les renvoyer au Libéria après que le président libérien Samuel Doe se soit plaint et ait voulu les renvoyer. À l’époque, Doe a accusé l’ancien vice-président Bennie Warner d’avoir tenté d’envoyer des troupes pour envahir le Libéria depuis la Côte d’Ivoire. Dokie, King et d’autres n’ont pas été extradés bien que le Libéria ait signé un traité avec la Côte d’Ivoire.

Author: La Rédaction

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