Dossier Kassory devant la CRIEF : Mamadi Doumbouya omniprésent ?

Le procès de l’ex premier ministre guinéen peine à s’ouvrir devant la cour de répression des infractions économiques et financières. Ibrahima Kassory Fofana qui a bénéficié récemment d’une ordonnance pour aller se faire soigner ne pourra vraisemblablement pas bouger. Quelques jours après cette ordonnance, des agents pénitentiaires sont envoyé dans sa salle d’hospitalisation pour l’y extraire et le faire comparaitre de force.

Alors que la CRIEF avait autorisé Ibrahima Kassory Fofana à se faire soigner à l’étranger, la justice guinéenne aurait finalement rétropédalé sous l’impulsion du président, selon nos confrères d’Africa Intelligence. Le magazine informe qu’une réunion, secrète, a eu lieu dans I’après-midi du 30 décembre.

Dans l’enceinte du palais Mohammed-V, le président guinéen, le général Mamadi Doumbouya, a convoqué en urgence les plus hautes autorités judiciaires du pays. Autour de la table se sont côtoyés le garde des Sceaux, Yaya Kairaba Kaba, ainsi qu’Aly Touré, le procureur spécial à la tếte de la Cour de répression des infractions économiques et
financières (Crief). Des proches du chef de
1’État, dont le patron de la gendarmerie, le
général Balla Samoura, ou encore le secrétaire
général de la présidence, le général Amara
Camara, étaient également présents. L’ordre du jour de cette rencontre, qui ne figurait pas à l’agenda officiel du président, a porté sur le cas dTbrahima Kassory Fofana, informe Africa Intelligence.

Influent premier ministre (2018-2021) sous
l’ancien président Alpha Condé, destitué le
5 septembre 2021 par le putsch de Mamadi
Doumbouya, il avait été arrêté en mai 2022 à
Conakry sur fond d’accusations de
détournement de deniers publics,
d’enrichissement illicite et de corruption.
Désireux de clore le dossier rapidement, le chef
de l’État guinéen a demandé aux autorités
compétentes qu’Ibrahima Kassory Fofana soit jugé au plus tard le 15 janvier.

Pour nos confrères, le timing de cette ingérence présidentielle n’est pas anodin. Le chef de l’État s’est engagé à réaliser d’ambitieuses réformes politiques en 2025, parmi lesquelles la tenue d’un référendum constitutionnel. Il souhaite donc tourner la page des multiples poursuites judiciaires diligentées par son administration à l’encontre de plusieurs poids lourds de l’ère d’Alpha Condé. L’un des plus emblématiques d’entre eux, l’ex-ministre de la défense Mohamed Diané, a été condamné le 18 décembre à cing ans de prison et 55 millions
d’euros d’amende.

Pour rappel, le 11 décembre 2024, la défense avait obtenu de la justice que l’ancien premier ministre, hospitalisé depuis février 2023 à la suite d’une dégradation de son état de santé, puisse être évacué vers l’étranger pour y recevoir des soins. Une concession peu appréciée par l’exécutif, qui redoute que sa sortie du territoire national retarde encore la procédure, entamée il y a plus de deux ans.

Courant décembre, Ibrahima Kassory Fofana se
préparait à s’envoler pour la France pour être
pris en charge à l’Hôpital américain de Paris, à
Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Mais le juge en charge du dossier a été remplacé dans la nuit du 22 au 23 décembre et la mesure d’évacuation a finalement été gelée.

Dans la foulée de la réunion du 30 décembre au palais Mohammed V, le parquet de la Crief a informé la défense d’Ibrahima Kassory Fofana que le procès s’ouvrirait à Conakry dès le lendemain. Et qu’une audience sur le fond aurait lieu le 7 janvier. Une séance durant laquelle les avocats de l’ex- premier ministre ont sollicité la récusation du nouveau juge, en vain, ajoute AI.

Author: La Rédaction

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