Galo Diallo peut avoir le sourire. A la tête de Smile Conseil, une agence de développement artistique et d’accompagnement de créateurs de contenus, le trentenaire est incontournable dans le marché de la ‘creator economy’ et du digital. Nouvel or du millénaire, le marketing d’influence ne connaît pas de limite. Ce dénicheur de talents travaille au quotidien pour qu’Internet reste le royaume du fun, de la bienveillance et de la sensibilisation. Des valeurs fortes qui lui permettent aujourd’hui de produire des stars des réseaux sociaux. Rencontre avec un entrepreneur très avisé.
Au pays des GAFA, les plateformes envahissent notre quotidien comme elles orientent nos modes de consommation, façonnent nos opinions et nous ouvrent une fenêtre sur le monde. Divertissantes, éducatives, communautaires, ces vidéos, stories et posts partagés par milliards ont la force de frappe d’un média. L’entrepreneur Galo Diallo a très tôt compris les enjeux sous-jacents de ce nouveau pilier de l’économie qui touche massivement les jeunes générations. L’homme fonde son business model sur une approche différente de bien des acteurs de l’industrie saturant l’espace médiatique de leurs Nabilla and Co, et de leurs placements de produit à foison. Dès les premiers échanges, il tient à rétablir une vérité qui souffre d’un préjugé trop largement répandu : alors, quelle différence entre influenceur et créateur de contenus ?
« Il faut savoir que, souvent, les influenceurs sont issus de la téléréalité. Ils sont suivis pour ce qu’ils font au quotidien, leur communauté est intéressée de découvrir des instantanés de leur vie. S’agissant des créateurs de contenus, c’est complètement différent : eux attirent une audience qui se retrouve autour d’une passion commune. L’humour, le gaming, la danse, la cuisine, le tennis… Autant de domaines abordés à travers des contenus élaborés, avec un ton, une esthétique et une signature propres à chaque créateur. Les interactions sont plus fortes car il y a à la base une passion. », nuance Galo Diallo. Pour le natif du Val d’Oise (95), ce n’est donc pas dans les émissions de téléréalité qu’il regarde pour dénicher ses talents, mais c’est en faisant de la veille, en se fiant au bouche-à-oreille. Son flair lui permet aussi de repérer les pépites de demain. Le jeune chef d’entreprise a explosé grâce à son premier poulain, Vargass92, un Snapchatteur de la première heure (3 millions d’abonnés) agrégeant une communauté de fidèles très impliquée.
Mais son gros coup, il le doit surtout d’avoir misé sur le phénomène Just Riadh. Véritable star des réseaux sociaux cumulant plus de 10 millions d’abonnés sur les principales plateformes (YouTube, Instagram, TikTok…), Just Riadh s’est fait connaître grâce à ses vidéos humoristiques déjantées et à ses posts de fashion victim. Très spontané, le vingtenaire s’amuse également à jouer des personnages dans lesquels chacun peut se reconnaître. Un humour 3.0 qui cartonne. Aujourd’hui, Galo Diallo gère une vingtaine de talents (Fatouguineaa, Itscrazysally,…) qui, ensemble, avoisinent les 4 milliards de vues !
Pour entrer dans l’écurie Smile Conseil et bénéficier de l’expertise, du réseau et du rayonnement de l’agence, il faut savoir se démarquer de ces milliers d’aspirants. Car y entrer, c’est accéder à la starification.
Nous recevons beaucoup de candidatures. De fait, nous demandons aux créateurs de contenus d’étayer leurs motivations en nous présentant leur projet artistique et social. C’est un parti pris très fort car nous avons conscience de l’impact exercé sur le public. Le fond et la forme ont autant d’importance à nos yeux. Smile Conseil est au diapason de son époque où les jeunes générations affichent, assument leur engagement sociétal. A titre d’exemple, la créatrice de contenus Fatouguineaa a à cœur de parler de diversité, d’acceptation de soi. Autre illustration, Itscrazysally n’a pas hésité à interpeller son audience sur le récent massacre de migrants au Maroc alors qu’ils tentaient de rejoindre l’enclave espagnole de Melilla. De l’émotion à la contextualisation, elle est revenue sur cette actualité dramatique qui a fait la Une des médias. »
expose Galo Diallo.
Exporter son savoir-faire et sa french touch
Cet autodidacte passé par les bancs de l’INSEEC recherche avant tout des personnalités, des artistes dans l’âme bien connectés au monde qui les entoure. De la légèreté au quotidien, certes, mais aussi « un sens de la responsabilité », insiste-t-il. Ce millennial endosse son rôle de vigie sur les réseaux sociaux en prônant la bienveillance et l’ouverture. Son approche s’avère bankable comme en témoigne son insolente croissance ; son chiffre d’affaires suit une courbe exponentielle à trois chiffres (+250% sur la dernière année). Avec sa double casquette de gestionnaire de talents et de producteur, le fils d’immigré sénégalais aide ses recrues à trouver des modèles économiques pérennes. Faire la différence dans cet océan de créateurs de contenus ne s’improvisent pas.
Galo Diallo s’appuie sur le levier du ‘brand content’ cher aux marques d’aujourd’hui pour asseoir ses protégés. Sa star, Just Riadh, enchaîne les prestigieuses collaborations avec LVMH, Jacquemus, Renault, Amazon. La mécanique diffère complètement du placement de produits, véritable carburant des influenceurs.
Quand un Just Riadh est approché par la maison Dior ou les parfums Paco Rabanne, c’est pour mettre sa notoriété au service d’une nouveauté de ces griffes. Le créateur de contenus est amené à réaliser des mini-clips, des shootings à la manière d’une égérie. On attend même de lui d’apporter sa sensibilité artistique. A charge de son mentor, Galo Diallo, de négocier les partenariats de marque. Dans ce monde où tout semble parfaitement huilé, une nouvelle nuance s’impose : quelle différence entre ‘brand content’ et ‘placement de produit’ ?
« Ce n’est pas du tout pareil. Le placement de produit, c’est l’apanage des influenceurs qui agissent comme VRP. Il y a toujours un code promo adossé au produit dont ils perçoivent une commission indexée aux ventes. Pour saisir davantage la nuance, évoquons la collaboration entre Just Riadh et Amazon Prime qui lançait une nouvelle série. L’entreprise a voulu médiatiser cette sortie et a donc convié le créateur de contenus à la découvrir pour en parler subjectivement. Just Riadh a donc partagé son ressenti comme un critique de films. », éclaire le producteur.
Comme tous les arts, ce nouveau métier de créateur de contenus est extensible à l’infini, pronostique Galo Diallo. Les artistes qu’il accompagne auront toujours cette capacité à se renouveler, à l’image d’un chanteur, d’un sculpteur, d’un dessinateur… Les meilleurs, les pionniers, les ambitieux et les plus créatifs sont même appelés à réaliser des choses complètement inédites à ses yeux. Hugo Travers, alias Hugo Décrypte, est symptomatique de ce phénomène. « Ce Youtubeur a fait de sa chaîne un vrai média ! Il a reçu en interview Bill Gates et tous les candidats à la présidentielle, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon. D’autres se découvrent une passion pour l’entrepreneuriat et n’hésitent pas à lancer leurs marques de vêtements, de cosmétiques. C’est la creator economy qui explose, notamment aux Etats-Unis. Je ne serais pas étonné de voir l’un d’eux un jour lancer un empire de la restauration ou dans le prêt-à-porter. », observe Galo Diallo.
En attendant, il poursuit son ascension en regardant vers l’international. L’homme veut ouvrir des agences dans tous les continents, exporter la french touch qui s’exprime également dans ce domaine et anticiper la révolution metaverse. « C’est une course de fond et pas un sprint. », ponctue-t-il.
A 32 ans, le frenchie joue d’ores et déjà dans la cour des grands.