L’administrateur général du site d’information Le Révélateur 224, Habib Marouane Camara, a été arrêté par des gendarmes le 3 décembre, sans motif, et amené vers une destination inconnue. Ses proches sont sans nouvelles. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités guinéennes à faire toute la lumière sur cet “enlèvement” et appelle à la libération immédiate du journaliste.
“Des gendarmes lourdement armés […] l’ont assommé avec des coups de matraque, avant de le conduire à une destination inconnue.” Le communiqué publié par le site d’information Le Révélateur 224 est sans équivoque : son responsable et administrateur général, Habib Marouane Camara, a été violemment interpellé par des agents de la gendarmerie dans la soirée du 3 décembre.
Le journaliste, critique de la junte au pouvoir en Guinée, était en route vers le domicile de l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara (KPC), à Lambanyi, une commune de la capitale Conakry, lorsqu’un pick-up de gendarmerie a intercepté son véhicule. Des hommes armés en tenue militaire ont alors cassé le pare-brise de sa voiture, l’en ont extirpé et l’ont emmené avec eux. La femme du journaliste, Mariama Lamarana Diallo Camara, a indiqué à RSF avoir été en contact avec lui jusqu’à 20h05, quelques minutes avant l’interpellation musclée.
Dans une déclaration publiée le 4 décembre, le collectif d’avocats chargé de la défense du journaliste qualifie cet acte “d’enlèvement”, au vu de l’absence de convocation et de mandat de justice au préalable. Les proches du journaliste sont sans nouvelles depuis.
Après le retrait arbitraire en juin des licences de six médias jugés critiques, c’est au tour des journalistes critiques des autorités militaires d’être attaqués. Aucun journaliste ne devrait être arrêté, et encore moins avec violence, pour avoir exercé son métier. RSF dénonce cette arrestation brutale et cette détention secrète et appelle les autorités guinéennes à faire toute la lumière sur le sort de Habib Marouane Camara, qui doit être libéré immédiatement.
Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
D’après le collectif d’avocats, le journaliste a reçu le 27 novembre 2024 “des menaces d’enlèvement imminent, par un groupe d’individus jusque-là inconnus”. Ses proches avaient également reçu des appels anonymes leur demandant sa localisation.
Contacté par RSF, le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, a indiqué n’avoir “aucune information pour le moment”, et qu’il faudrait “patienter avant d’en avoir”.
Le Syndicat des professionnels de la presse en Guinée (SPPG) a condamné “fermement ce kidnapping”, qui a été “enregistré seulement quelques heures après la libération ce même mardi d’un autre journaliste d’investigation, Bakary Gamalo Bamba”, directeur du journal Le Baobab, qui avait été arrêté le 15 octobre dernier. Le SPPG s’est par ailleurs entretenu avec le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, qui a “réaffirmé l’attachement du gouvernement à la préservation de la liberté de la presse” tout en indiquant qu’”un seul mot, mal placé, peut mettre le feu aux poudres”.
En Guinée, la liberté de la presse est particulièrement mise à mal depuis plus d’un an. Malgré leurs engagements, les autorités ont ordonné en toute illégalité en juin le retrait des agréments d’exploitation de quatre radios et de deux télévisions privées.