L’an 2 du CNRD : bilan en demi-teinte et nécessité de regarder dans le rétroviseur de 2021

by La Rédaction

En prenant le pouvoir le 5 septembre 2021, le groupement des forces spéciales de Guinée a été salué par une liesse populaire qui poussait à s’interroger sur les attentes réelles du peuple de Guinée. Un peuple qui aspire à la démocratie mais qui salut en même temps un coup d’État qui vient de renverser un président élu. Oui, Alpha Condé venait d’entamer un troisième mandat, un mandat acquis dans le sang, dans la contestation et dans une pagaille indescriptible dans certines zones du pays.

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Certains opposants n’avaient plus la possibilité de sortir du territoire. Cellou Dalein Diallo et les autres savent de quoi nous parlons. Aujourd’hui, avec le recul et en regardant de près la manière par laquelle cette transition est gérée, il ya de quoi en dire long.

D’abord sur le plan politique, sommes-nous sur la bonne voie ? Quand on parle du dialogue par exemple, étant donné que le caractère principal de gestion d’une transition, c’est le dialogue, la concertation et l’entente entre les différents acteurs politiques ou sociaux. Il existe certes un cadre de dialogue inclusif interguinéen qui a bien entendu le mérite d’avoir réuni certains acteurs mais n’a pas pu réunir les plus gros, les plus grands acteurs, comme on les appelle souvent.

Le président de l’UFDG, Cellou dalein Diallo, ancien Premier ministre, qui représentait à lui seul, à la dernière élection présidentielle de 2020, plus de 30 % des suffrages, le professeur Alpha Condé,  déclaré vainqueur du scrutin de la même année, Sidya Touré et bien d’autres acteurs sont aujourdhui hors du pays et se considèrent comme exilés politiques. Ces acteurs,  reunis au sein des forces vives de Guinée, appellent d’ailleurs à une manifestation de protestation ce 5 septembre 2023, pendant que le CNRD lui-même est en train de célébrer ses deux ans de gestion du pouvoir.

Rien que ce tableau peu reluisant du dialogue politique interne et la difficulté du dialogue avec la CEDEAO, en disent long sur la gestion unilatérale par le gouvernement de transition. L’espoir est-il déçu ? Pour beaucoup de guinéens, c’est sans aucun doute. Ces acteurs des FVG ont des questions par rapport à l’orientation réelle de la transition.

Sur le plan de la justice, le gouvernement de transition peut se féliciter aussi pour sa part de porter le discours d’une justice équitable, libre et indépendante. De toute façon, sous le régime Alpha Condé, c’était le même discours sur l’indépendance de la justice qui a toujours été clamé par ceux qui ont le pouvoir. Mais est-ce le cas dans les faits? La dessus,  ce sont les magistrats qui protestent en ce 5 septembre 2023 contre l’immixion du ministre de la justice dans les procédures judiciaires.

Deux magistrats sont actuellement suspendus par le ministre de la justice pour des affaires qu’ils ont jugé dans leur tribunal.  L’association des magistrats de Guinée projette même une marche pacifique le 7 septembre prochain pour denoncer cette immixion du ministre de tutelle dans le traitement des dossiers de justice. Suffisant pour se faire une idée objective de l’état réel de la justice guinéenne.

Par ailleurs, le CNRD a le mérite d’avoir organisé le procès des événements du 28 septembre, mais aussi la création de la cour de répression des infractions économiques et financières. Ajouter à cela, l’amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats. Plusieurs infrastructures sont en train d’être construites dans le cadre de l’amélioration de la vie en milieu carcéral dans notre pays.

Sur le plan des infrastructures,  force est de constater une progressive monter en puissance de nouvelles routes, ponts, échangeurs… Ces prouesses tapent à l’oeil de beaucoup de guinéens, même s’il faut souligner que la plupart de ces projets ont été des projets initiés et lancés par le professeur Alpha Condé. Des centaines de kilomètres de routes offrent aujourd’hui un meilleur visage et un meilleur confort entre les différentes villes du pays, mais aussi la voirie urbaine de Conakry. Certaines préfectures ont connu leur première couche de bitume depuis l’indépendance.

Sur le plan économique, malgré la création de la cour de répression des infractions économiques et financières, la gabegie financière n’a pas pour autant disparu de nos murs. Certains nouveaux dignitaires se sont enrichi à une vitesse exponentielle, devenant gros propriétaires à travers le pays. Comme le rappelle souvent le colonel Mamadi Doumbouya, “la CRIEF est là pour tout le monde”. Attendons donc de voir si elle a suffisamment d’yeux pour voir ce qui se passe dans la gestion actuelle du gouvernement de transition.

Bref, ce 5 septembre 2023, il y a encore des mères de familles qui pleurent, il est encore de pères de famille qui pleurent. Ce tableau fait transpirer. Oui, ce tableau nous rappelle malheureusement les sombres années de la présidence Alpha Condé, mais le colonel était venu pour régler tout cela, il a promis que plus un guinéen ne tombera sur le champ politique.

En ce 5 septembre 2023, la Guinée présente une fracture entre deux franges de la population. Une qui pense que la transition est bien gérée et qui va peut-être la célébrer à travers un concert géant sur l’esplanade du Palais du Peuple, une autre qui estime la transition ne rassure pas et mérite rectification.

Au colonel donc de rassurer l’ensemble des Guinéens, l’ensemble des acteurs et ramener tout le monde autour de la table afin de conduire à bon port la Guinée au rendez-vous de 2024, celui de la fin de la transition et l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.

Author: La Rédaction

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