Guinée : le pouvoir des putschistes s’enlise, analyse de Vincent Foucher et Joseph Petit

Dans un contexte où ni élections ni nouvelle constitution promises ne sont en vue, la junte guinéenne dirigée par le général Mamadi Doumbouya semble renforcer son emprise sur le pouvoir. Vincent Foucher et Joseph Petit soulignent dans leur article l’absence de pression internationale significative, notamment de la part de la France, malgré des violations flagrantes des droits humains et un recul démocratique marqué.

Depuis le coup d’État de 2021 qui a renversé le régime d’Alpha Condé, la Guinée a glissé vers une dérive autoritaire sous la direction du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Bien que la prise de pouvoir ait initialement été accueillie avec enthousiasme par une grande partie de la population, l’absence de progrès vers un retour à l’ordre constitutionnel, combinée à une répression accrue des opposants et de la société civile, a rapidement dissipé cet optimisme.

Les arrestations arbitraires de figures emblématiques de la société civile telles que Oumar Sylla (alias “Foniké Menguè”) et Mamadou Billo Bah illustrent la brutalité de la junte. Ces militants ont été enlevés en plein milieu de la nuit sans procédure légale et sont portés disparus à ce jour. Ces actions ne font qu’exacerber les tensions, d’autant plus que l’économie guinéenne se dégrade et que les mécontentements populaires grandissent.

Cependant, malgré ce climat répressif, la communauté internationale, et particulièrement la France, n’a pas réagi de manière substantielle. Alors que la France a durement critiqué les coups d’État dans d’autres pays sahéliens, elle reste silencieuse sur la situation en Guinée. La proximité de Doumbouya avec la France, ayant été membre de la Légion étrangère française et marié à une gendarme française, pourrait expliquer cette inaction. De plus, de nombreux contrats publics en Guinée sont attribués à des entreprises françaises, renforçant l’idée que des intérêts économiques pourraient dicter la position de Paris.

Dans un contexte de tensions croissantes en Afrique de l’Ouest et d’incertitudes sur la tenue des élections promises, la Guinée pourrait se diriger vers une période encore plus tumultueuse. Si l’opposition intérieure se montre de plus en plus résistante, l’absence de condamnation claire de la part de partenaires internationaux pourrait laisser la junte de Doumbouya continuer sans contrepoids significatif.

Author: La Rédaction

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