Bizarre et incompréhensible. C’est le premier commentaire que l’on peut apporter en lisant le classement attribué cette année à la Guinée par l’association reporter sans frontières. A l’occasion de la célébration du 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, RSF a sorti son classement mondial sur la liberté d’expression en 2023.
Fait étonnant, la Guinée gagne sept (07) places, par rapport à son classement de 2022. Le pays passe ainsi de la 85ème à la 78ème place mondiale, même s’il reste globalement dans la zone des pays où la liberté de la presse est encore un défi.
Pourtant, jamais la presse guinéenne n’a été aussi persecutée que sur la période 2023-2024. Entre les brouillage des ondes des radios (fim fm, Hadafo Médias, Djoma medias et Evasion, le décrochage de certains médias des bouquets distributeurs et les convocations suivies de suspension abusive des plusieurs journalistes, RSF donne plutôt un classement qui pousse à s’interroger.
Alors que le gouvernement de transition s’était engagé “auprès de RSF à respecter la liberté de la presse, juste après son arrivée au pouvoir en octobre 2021, les atteintes commises par les autorités se sont multipliées ces derniers mois, notamment via la censure de plusieurs médias à grande audience. Les médias concernés ont tous en commun de suivre une ligne éditoriale libre et critique. L’organe de régulation des médias, la Haute Autorité de la communication (HAC), a retiré en décembre 2023 trois chaînes de télévision de bouquets télévisuels pour des raisons de “sécurité nationale”. C’est également un “problème sécuritaire” que le ministre des Affaires étrangères avait invoqué pour expliquer le blocage de l’accès aux réseaux sociaux dans le pays durant trois mois” note l’association dans son rapport.
La Guinée est ainsi devant des pays comme le Brésil (82), le Benin (89), le Sénégal (94), le Kenya l’Angola (104), le Nigeria (112) , le Togo (113), le Mali (114), la Tunisie (118), le Mexique (121), la RDC (123), le Cameroun (130), l’Algérie (139) et le Rwanda (144).
Ce qui est encore plus intriguant, c’est que ces atteintes à la liberté de la presse ont commencé à se dérouler depuis le mois de mai 2023. La radio fim fm avait alors commencé à enregistrer les premiers brouillages de sa fréquence. Ses antennes relais installées à travers le pays ont été tout simplement fermées par l’autorité de régulation des postes et télécommunications.
Au moment où ce rapport est publié, pas moins de 500 journalistes sont au chômage, du fait des restrictions injustes imposées à leur médias, depuis novembre 2023.
La Guinée avait perdu des places pour moins que cela il y a quelques années.