Depuis la matinée de ce mardi 16 janvier, Mamadi Soumaoro témoigne de ce qu’il sait des événements du 28 septembre 2009. Après avoir affirmé que les exactions commises au stade du 28 septembre en 2009 sont en partie l’œuvre des éléments de Kaleah, il est revenu sur sa meseventure après la tentative d’assassinat dont Dadis a été victime au camp Koundara.
Selon lui, on lui reprochait d’être de mèche avec Toumba Diakité qui l’avait fait recruter dans l’armée, pour détruire le pouvoir de la forêt. Pendant qu’il était au centre de tirs, s’est-il souvenu, le colonel Bienvenue Lamah a instruit de le tuer. Puisqu’il était invulnérable face aux balles, il a été bastonné par les mêmes éléments à l’aide du bois. Il est ensuite resté attaché toute la nuit, jusqu’au lendemain à 15 heures, a-t-il dit.
Vers 15h, il est embarqué dans un véhicule avec un de ses formateurs du nom de Moussa Keita pour être convoyé à Conakry. Ils ont transité au Km36 où ils ont trouvé trois pick-up chargés d’éléments de Kaleah, munis de machettes. Ils avaient à leurs têtes un certain Jacques Maomi, selon Mamadi.
Du Km36, il dit être conduit à la présidence au camp Alpha Yaya Diallo où il a trouvé le colonel Claude Pivi assis dehors. Au risque d’être tué, cet officier de l’armée lui aurait alors proposé une villa pour qu’il dise toute la vérité sur là où se cacherait Toumba Diakité qui avait attenté à la vie du président du CNDD.
Pour avoir dit qu’il n’en sait rien, arguant qu’il était en formation, il a été de nouveau attaché. Il est ensuite conduit sur le sang de Sankaran Kaba pour le tuer, a témoigné Mamadi Soumaoro. Il dit être sauvé sur place par un capitaine qui a surgit en disant : “si on tue tout le monde, qui va nous dire la vérité ?“, a rappelé le témoin.
Il est relâché et conduit en prison, précisément aux 32 escaliers sis au camp Alpha Yaya. Mamadi a révélé avoir été rejoint dans sa cellule par d’autres éléments supposés proches de Toumba, comme Beugré, ancien commandant du camp Koundara, Lanciné Kaba, Édouard Bangoura et un certain Bankoley.
Le témoin a infirmé la thèse selon laquelle Beugré s’est cogné la tête pour se donner la mort aux 32 escaliers. Il a été plutôt éventré par les éléments qui menaient la chasse à l’homme, dirigés à l’époque par le capitaine Marcel Guilavogui, Thomas et Jacques Maomi, a-t-il affirmé. Les mêmes éléments ont égorgé Jano Destin par derrière devant lui en prison, a ajouté Mamadi.
Lui-même a eu la vie sauve pour s’être caché sous le corps de Beugré. Selon l’ancienne recrue de Kaleah, il y a eu près de 8 morts aux 32 escaliers. Leurs corps ont été transportés par un certain David Cece Haba pour une destination inconnue, a déclaré le soldat. Il est sorti de prison trois mois après, grâce à l’intervention du gendarme Gabriel Diawara.
Avant de finir ses déclarations préliminaires, le chasseur a martelé qu’il y a eu deux recrutements sous le CNDD. Lui a appartenu au deuxième groupe qui avoisinait 12 mille hommes dont 3 mille prévus pour la présidence. Au centre d’instruction de Kaleah, ils étaient répartis entre des groupements dénommés Titanic, Charline, Alpha, et Bravo 1 et 2.
Un peu plus tard, le tribunal a accédé à la demande de Me Lanciné Sylla. Lorsqu’il interrogeait Mamadi Soumaoro dans la matinée de ce mardi, il a sollicité un huis-clos pour inspecter le corps de ce témoin. Cet ancien élément de Kaleah avait affirmé un peu plus tôt, qu’il a des traces un peu partout sur le corps.
Des traces qui découlent des coups qu’il dit avoir été reçus de la part des éléments qui menaient la chasse à l’homme après les événements du 3 décembre 2009. Le commandant Aboubacar Sidiki Diakité avait alors attenté à la vie du capitaine Dadis dans l’enceinte du camp Koundara actuel camp Makambo. Il lui était reproché selon lui, d’être un élément sûr de l’ancien aide de camp du président du CNDD.
Quand toutes les parties ont épuisé leurs questionnaires, le tribunal a accédé à la demande de l’avocat de Toumba. Mais avant, il s’est assuré que le témoin était disposé à y aller. C’est pour vérifier la véracité des dires de Mamadi Soumaoro. L’ audience a donc été suspendue pour cet exercice qui se déroule dans la salle de réunion.
