Le procès des événements du 28 septembre 2009 a repris ce lundi 08 janvier 2024. C’est la comparution des témoins qui continue. Mohamed Condé dit Escoba, né en 1981 à Kouroussa, est le premier à comparaître.
Il était le commandant du salon sous le règne du capitaine Moussa Dadis Camara. Cet officier militaire est cité par le ministère public comme témoin.
Avant de donner son témoignage, il a juré de dire la vérité, rien que la vérité dans cette affaire. Le témoin avait déjà indiqué qu’il n’y a aucun lien de parenté ni de subordination entre lui et qui que ce soit du côté des accusés ou du coté des victimes.
Revenant sur les faits proprement dits, l’officier a expliqué qu’il était assis au salon dans la matinée du 28 septembre 2009, quand il vu le commandant Toumba Diakité s’inviter dans le bureau du président Dadis avant de ressortir quelques temps après. “Il me dit Pablo, je dis oui. Je suis dans mon bureau là-bas. Pour tout problème, tu me fais signe. Si jamais le président sort derrière moi ici, à mon retour je vais t’arrêter. J’ai répondu qu’il n’y a pas de problème“, a rappelé Escoba.
Mohamed Condé a ajouté qu’il est resté assis toujours au salon quand il a vu Dadis sortir de son bureau en courant. “Il est venu traverser le salon en disant : Allons-y. Ils vont nous tuer tous là-bas. Je regarde de gauche et à droite, je ne vois personne. Je suis sorti du salon en courant. Pendant que je sortais, le président s’était déjà embarqué dans son véhicule. Je suis allé récupérer la clef du véhicule. Il est descendu d’un côté, je suis sorti de l’autre on s’est croisé. Il m’a demandé : Escoba tu peux oser enlever la clef de ma voiture ? J’ai répondu non monsieur le président, tu ne vas pas. J’ai appelé des amis. Ensemble, on a supplié le président, il est rentré dans son bureau”, a-t-il témoigné.
Pendant la nuit, a poursuivi le témoin, le président est sorti au salon. “Il a demandé où est Escoba ? J’ai répondu que je suis là. Il dit viens ici. On est rentré dans son bureau. Il m’a demandé pourquoi je l’ai bloqué ? Après il m’a demandé si je sais que je lui ai sauvé la vie? Selon lui, s’il partait, les gens diraient que c’est lui qui était à la tête des militaires qui sont allés massacrés au stade du 28 septembre là-bas. C’est ensuite qu’il a pris ma main. On est sorti au salon. Il a dit à tout le monde que celui qui ne respecte pas Escoba, il va le chasser de là-bas. C’est lui qui est là. C’est lui qui est mon garde”, a rapporté l’ex-commandant du salon de Dadis avant de dire que c’est tous ce qu’il connaît dans les événements du 28 septembre 2009.
Quand Dadis sortait pour la première fois, c’était entre 10 heures et 11 heures, a indiqué Mohamed Condé quand il a commencé à répondre aux questions du juge. Il était seul, a-t-il précisé.
Selon le témoin, il est resté au salon du matin jusque la nuit. A-t-il constaté si Dadis est sorti de son bureau ou pas? A demandé Ibrahima Sory 2 Tounkara. Escoba a répondu ne l’avoir pas vu sortir à travers le salon. Le militaire témoin a quand même confirmé que Dadis avait une autre issue dans sa chambre qui menait dans une petite cour derrière.
Suite à d’autres questions notamment des membres du parquet, Escoba a affirmé qu’il ne sait pas si Dadis avait dit de mater les manifestants arguant que le pouvoir est dans la rue. Par rapport à la présence des recrues de Kaléya dans l’enceinte du camp Alpha Yaya avant les événements du 28 septembre, il dit ne l’avoir pas constaté. Cependant, a ajouté l’ex commandant du salon, il a vu ces recrues le 3 décembre 2009 chez Gono Sangaré.
Le témoin était sergent-chef quand le CNDD venait au pouvoir. Il a été fait commandant du salon quand il avait le grade de sous lieutenant.