Le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit ce mardi 9 janvier. Après le capitaine Mohamed Condé hier lundi, c’est au tour de Youssouf Joli Touré de faire sa déposition. Il s’agit d’un administrateur civil né en 1983 à Conakry. Il a commencé son témoignage après s’être présenté comme un ami fidèle du défunt Ousmane Conté, le fils de l’ancien président, le général Lansana Conté.
Avant de parler du fond du dossier, il a rappelé les manœuvres qui étaient en cours à la fin du règne du général Lansana Conté pour que ce dernier soit succédé par son fils Ousmane Conté à la tête du pays. Le témoin a aussi expliqué le coup que Dadis et d’autres officiers militaires comme le général préparaient pour pouvoir succéder au général Lansana Conté au pouvoir.
Ces derniers ont utilisé des pouvoirs occultes pour la réussite de leur combat, a-t-il ajouté. Arrivés au pouvoir, a raconté Youssouf Joli Touré, Dadis et compagnie auraient tout fait pour affaiblir ou éliminer des officiers comme le général Sékouba Konaté et le commandant Toumba pour le renforcement de leur pouvoir. Le témoin a accusé des militaires comme le colonel Claude Pivi, Louis Poghomou, Moussa Keita, Georges, Marcel, Moussa Tiegboro, Makambo et Gono Sangaré, mais aussi un magicien indien et un féticheur de la forêt, d’être le complice de l’ancien président du CNDD.
Pour le témoin, le capitaine Moussa Dadis Camara était bel et bien au courant du massacre du 28 septembre 2009. Pour preuve, a-t-il affirmé, l’ancien président du CNDD a instruit devant lui, le commandant Beugré, d’aller au stade pour mater toute personne qui y viendrait. Cependant, l’objectif, selon Youssouf Joli, était de faire porter la responsabilité de cette affaire par Toumba vu ses liens avec le commandant du camp Makambo.
Par rapport à la gestion des corps qui étaient au camp Samory Touré, le jeune a révélé que les colonels Abdoulaye Cherif Diaby et Théa en savent quelque chose. Vers la fin de son récit, il a accusé les avocats de la défense comme Me Abdoulaye Keita, Me Pépé et Me Dinah Sampil d’avoir tenté de le corrompre pour qu’il témoigne en défaveur du commandant Toumba au prix de 500 millions de francs guinéens.
Il a fini son exposé préliminaire qui aura duré près de 4 heures. Avec ses révélations croustillantes, Youssouf joli Touré est partie pour durer à la barre. Ce témoin cité par le parquet fait face désormais aux questions des différentes parties du procès après son exposé préliminaire avant la pause de la mi-journée.
Il a expliqué qu’il était au camp Alpha Yaya Diallo le 28 septembre 2009. Il était, selon lui, pris en otage par des militaires pour avoir été mis au courant du complot qui était en préparation contre le commandant Toumba Diakité.
Pour parler des agents qui se sont rendus au stade, Youssouf Joli Touré a indiqué que des militaires comme Makambo, Général Baldé, Pivi, Mamoudou Guilavogui, Bienvenue Lamah, Colonel Théa, Moussa Tiegboro et Blaise Goumou ont bougé devant lui pour le stade. Il a aussi pointé du doigt les recrues de Kaléah. Celles-ci ont été préparées pour cette mission, a-t-il dit.
Youssouf Joli Touré dit être resté au camp Alpha Yaya Diallo jusqu’après le massacre du 28 septembre. A-t-il constaté la déportation des personnes arrêtées au stade ? lui a demandé Abdoulaye Babadi Camara, substitut du procureur. Le témoin a répondu avoir constaté cela au niveau des services spéciaux précisément.
En répondant à une autre question relative aux disparus, l’administrateur civil a témoigné que l’acte ne s’est pas passé devant lui, mais il a affirmé que le président Dadis a donné l’ordre aux colonels Théa et Abdoulaye Chérif Diaby de gérer les corps. Il a ajouté que c’est à partir du Camp Samory Touré que de nombreux corps ont disparu. Certains seraient ensevelis à Yimbaya Faban dans la commune de Matoto. Le témoin dit avoir appris cette information du colonel Blaise Goumou, un accusé dans le box.
Youssouf Touré a confirmé que le colonel Moussa Tiegboro Camara avait au sein de son service des conteneurs dans lesquels il emprisonnait des gens. Certains éléments de cet officier de la gendarmerie se coiffaient de béret rouge, a-t-il poursuivi. Toujours au sein du camp Alpha Yaya Diallo, il y avait des femmes privées de leur liberté pour servir d’esclaves sexuelles, a révélé le témoin.
Il a insisté que le massacre du 28 septembre 2009 a été orchestré par le capitaine Moussa Dadis Camara, le colonel Moussa Tiegboro Camara, le colonel Blaise Goumou et Gono Sangaré, entre autres.
L’audience est renvoyée au mercredi 10 janvier pour la suite de sa déposition. Il aura surtout affaire aux avocats de la défense notamment ceux du capitaine Moussa Dadis Camara.