Procès du 28 septembre 2009 : l’affaire est entrée dans sa phase de réquisitions et plaidoiries 

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 est entré dans sa phase de réquisitions et plaidoiries ce lundi 13 mai 2024. Cette phase cruciale commence après 19 mois de débats dans le dossier. À l’ouverture de l’audience ce lundi, le président du tribunal criminel de Dixinn a sollicité que les débats se prolongent désormais jusqu’au vendredi et non mercredi comme d’habitude pour permettre aux accusés d’être fixés sur leur sort avant les vacances judiciaires qui commencent à partir du 1er août.

Le tribunal voulait qu’on fasse un rajout de jours et qu’on aille désormais jusqu’au vendredi, que chacun fasse des sacrifices pour qu’on puisse terminer avec cette phase, c’est-à-dire qu’on prenne toute la semaine, les jours ouvrables, et que désormais au lieu de commencer les audiences à 10h, on commence à 9h00. Beaucoup diront qu’on a des procédures un peu partout, mais je suis mieux placé pour savoir que souvent il y a des substitutions où il y a un cabinet qui est derrière tout un avocat. Donc cette petite période-là, je pense que peut faire un sacrifice pour être là pendant ces jours et finir avec les plaidoiries et les réquisitions“, a suggéré Ibrahima Sory 2 Tounkara.

Face à cette demande du tribunal, la défense a exprimé le désir de se prononcer. Le président, Ibrahima Sory 2 Tounkara, a alors ordonné la poursuite de l’audience jusqu’à la pause, afin de permettre aux différentes parties de formuler leurs réponses concernant cette question.

La nouvelle phase a débuté par les plaidoiries. Ces plaidoiries ont commencé par l’intervention des parties civiles. Dans les rangs de ces conseils des victimes, c’est Me Hamidou Barry qui a ouvert le bal. Un des points sur lesquels cet avocat s’est appesanti était relatif à l’impunité accordée, selon lui, aux agents de forces de défense et de sécurité depuis notamment les tueries des jeunes élèves lors des manifestations de janvier février 2007.

« Il y a eu 28 septembre parce qu’on n’a pas jugé les massacres de janvier-février 2007. Il y a eu 28 septembre parce qu’on n’a pas jugé les bérets rouges de Lansana qui ont fusillé à bout portant les bacheliers. On a ouvert le dossier à l’OGDH, mais on n’a pas pu avancer. Les gens avaient peur. Donc les événements du 28 septembre 2009 sont les conséquences directes de ce qui s’est passé depuis 1958 », a déploré le doyen.

Pour Me Hamidou Barry, depuis l’indépendance du pays, ce sont des moyens de l’État qui ont été utilisés pour tuer des populations. Il a ajouté qu’à son avis l’État a été défaillant depuis 1958. “Les systèmes ont échoué. Qu’est-ce qu’on a fait ? Ce sont des agents de l’État, les moyens de l’État qu’on a utilisés pour tuer la population civile. C’est parce qu’on n’entre pas dans chaque famille pour faucher une fille de 16 ans, sinon on aurait arrêté tout de suite. Ce sont les pauvres qui souffrent. L’État doit arrêter cela. C’est ça l’impunité. C’est ce qui nous a conduits au 28 septembre”, a-t-il martelé.

Me Hamidou Barry a plaidé durant plusieurs heures. L’avocat a demandé au tribunal de déclarer recevable et bien fondée les constitutions des victimes dont il a la charge de conseiller. Il a ensuite sollicité la condamnation des 11 accusés pour crimes contre l’humanité. “Lorsque vous allez déclarer ces constitutions recevables et bien fondées, nous vous demandons de condamner solidairement, indéfiniment les accusés renvoyés devant votre tribunal au paiement des sommes suivantes et au compte et au nom des personnes suivantes“, a-t-il dit avant de catégoriser les infractions et les réparations prévues pour chaque catégorie.

Pour le cas des morts et des disparus, Me Hamidou Barry a sollicité la condamnation des accusés à verser à chaque ayant droit de ces morts et disparus au nombre de 10, la somme de 2 milliards GNF. Pour la catégorie viols, exactions sexuelles et assimilés, l’avocat a sollicité 1 milliard 500 millions de francs guinéens pour chacune des quatre victimes de sa liste. Me Hamidou Barry a demandé les mêmes réparations,soit 1 milliard 500 millions pour chacune des deux victimes de tortures, de séquestration, arrestation et détention illégale.

Quant aux blessés, qui sont au nombre de 32 sur sa liste, l’avocat a demandé au tribunal qu’il leur soit versé à chacun d’eux, 1 milliard de francs guinéens. Comme si tout cela ne suffisait pas, Me Hamidou Barry a ajouté : “Nous demandons également, Monsieur le Président, 20 milliards GNF à titre de dommages, ensuite, 1 million d’astreinte par jour de retard s’il y a une condamnation. Nous prions aussi d’ordonner l’application des intérêts légaux moratoires. Et également, nous sollicitons l’exécution provisoire des décisions qui interviendront pour les intérêts civils”, a-t-il sollicité.

Les mêmes demandes ont été réitérées par son binôme dans ce dossier. Me Thierno Souleymane Barry. Lui a plaidé juste après Me Hamidou Barry.

Author: La Rédaction

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