Depuis quelques années, les armées africaines semblent marquer leur retour sur les scènes politiques des différents pays. Ce phénomène qui semblait concerner principalement les pays d’Afrique de l’Ouest, a désormais pris pieds au centre du continent, avec le coup d’Etat de ce 30 aout qui a renversé le président gabonais Ali Bongo Ondimba.
Alors que cette armée gabonais venait à peine de désigner le nouveau président de la transition, des pays de la région du centre de l’Afrique prennent les devants. Faut-il y voir des mesures de prudence au vu de la situation de contagion que cela peut occasionner? En tout cas, le président du Cameroun, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, et son homologue du Rwanda, au pouvoir depuis 1994, viennent d’opérer de grands changements au sein de leurs armées respectives.
Au Cameroun par exemple, le président Paul Biya a opéré pas moins de 22 mouvements au sein de l’armée. Dans un décret qu’il a signé ce 30 aout 2023, le chef de l’Etat camerounais a retouché plusieurs postes stratégiques au ministère de la défense nationale. Des contrôleurs généraux des armées, au budget, les finances et la logistique, en passant par l’inspection générale, la gendarmerie nationale, les écoles interarmes et les ressources humaines, rien n’est laissé pour compte par Paul Biya.
Une grande douche qui laisse penser une sorte de psychose face au vent de coup d’Etat, surtout que cela se produit désormais aux portes du Cameroun. Paul Biya prend-t-il des précautions au sein de la grande muette camerounaise ? Difficile de croire le contraire ou une volonté de simple réorganisation, d’autant que cela intervient le même jour où la famille Bongo, plus de 60 ans d’exercice du pouvoir, vient d’être déposée par l’armée qui a jusque-là participer à assurer la pérennité du pouvoir.
De l’autre côté, au Rwanda, Paul Kagamé, aussi leader et charismatique soit-il, ne veut pas prendre de risque. Comme s’il agissait en synchronisation avec son homologue du Cameroun, a lui aussi opéré des changements dans son armée ce mercredi 30 aout 2023. On note quelques douze (12) mouvements retentissants au sein des forces de défense et de sécurité rwandaises.
12 hauts gradés rwandais, tous des généraux (3 Généraux de brigade, 5 Généraux majors, 2 Généraux Lieutenants et 2 Généraux pleins) ont été mis à la retraite. Curieuse coïncidence, c’est le moins que l’on puisse dire. Paul Kagamé craint-il aussi le vent qui souffle au sein des armées africaines?
Ce n’est pas tout. Au delà de ces douze Généraux, le président rwandais a aussi mis à la retraite ce 30 aout 1.013 autres agents de l’armée. Tous, selon le décret de Paul Kagamé, ont été admis à faire valoir leurs droits à la retraite, et relèvent de différents corps de l’armée.