C’est un procès qui s’ouvre 27 mois après la saisine de la cour suprême de Guinée. Dépuis sa rebaptisation, en début d’année 2022, l’association des victimes du camp Boiro s’est offusquée de voir l’aéroport de Conakry porté le nom de l’ancien president qu’elle qualifie de dictateur.
Pour exprimer sa désapprobation, cette association a immédiatement intenté le 28 mars de la même année, devant la chambre administrative de la cour suprême, une procédure judiciaire pour “excès de pouvoir’’ afin d’obtenir l’annulation de ce décret du président de la transition.
Avant cette action judiciaire, un recours gracieux avait été adressé au président de la transition afin de reporter son acte. Chose qui n’a jamais prospérer, rappelle l’avocat de l’AVCB en charge du dossier. “Le secrétaire général de la présidence nous a signifié que l’Etat n’avait pas l’intention de revenir sur son decret’’, explique maître Tall Ahmed Baidi Habib, avocat des victimes.
“Plus de deux ans aprés, ce n’est que ce mois de mai que nous avons été contacté par le greffier pour la tenue de l’audience dans ce dossier en ce 30 mai. Personnellement, je partais à régulièrement à la cour suprême pour avoir des nouvelles sur ce dossier. A chaque fois qu’on venait, on n’avait pas de réponse claire par rapport à la situation. Puisque la procédure veut que lorsque nous la partie demanderesse écrivons, que la partie défenderesse puisse également produire des écritures en réponse à notre requête. Ce qui est surprenant, c’est lorsqu’on est aller prendre l’avis d’audience qu’on a demandé est ce que l’adversaire a répondu à notre écrit. Ils nous ont répondu par l’affirmative. Nous avons donc demandé comment cela pouvait être possible sans que ces écrits ne nous soient signifiés conformément aux dispositions de l’article 54 de la loi qui régit la cour suprême. Étant donné que nous avons l’obligation de réagir face à ces écrits, c’est en ce sens qu’à l’audience aujourd’hui, nous avons fait observer cela à la cour et nous avons sollicité un renvoi à deux semaines pour nous permettre de réagir en réplique aux écritures de la partie adverse’’, détaille l’homme en robe noire au sortir de l’audience.
Au terme de cette première audience qui a été très brève, l’affaire a été renvoyée au 13 juin prochain. A la question de savoir quel espoir ont ils quand à l’aboutissement dans cette affaire, Maître Tall Ahmed Baidi Habib répond : “Nous avons été très choqués il ya bientôt trois ans de voir qu’un édifice symbolique comme l’aéroport soit baptisé du nom d’un dictateur. Nous pensons que l’homme auquel l’aéroport s’est vu attribuer le nom ne le mérite pas. Face à celà, on ne part pas à ce procès en se disant d’avance que ça ne marchera pas. De toute façon il y’a des efforts à fournir par notre génération, c’est celui de défendre la mémoire de ceux qui ont été injustement assassinés et que les différents régimes qui se sont succédés en Guinée sont jusque là incapables de réhabiliter ces victimes dans le cadre d’une procédure normale”, a-t-ildéclaré.
L’avocatajoute que “ce combat est un combat mémoriel. Nous pensons que si les magistrats qui sont là aujourd’hui disent le Droit, nous avons de fortes chance de voir prospérer notre demande, parce que dans la requête qu’on a présentée nous avons décrit qui était Sékou Touré depuis les années 1954. Nous pensons que la génération qu’il y’a aujourd’hui à la cour suprême dira le Droit’’ a t-il souhaité.
MLYans