Sénégal : décès d’Amadou Makhtar Mbow à 103 ans

C’est une immense perte pour le Sénégal. Amadou Makhtar Mbow est décédé ce mardi 24 septembre, à l’âge de 103 ans. L’ancien Directeur de l’UNESCO est devenu au fil des années le grand sage de la vie politique du Sénégal, avec un engagement constant pour la consolidation démocratique. 

L’homme a servi dans l’armée française, dans des gouvernements pré et post-indépendance du Sénégal avant de diriger. C’est aussi lui qui, à 87 ans, a conduit les “assises nationales” de sortie de crise pour son pays.

Engagé volontaire durant la Seconde guerre mondiale, il subit en France “l’amère expérience d’une armée française défaite”, “frôle la mort et la perte de liberté” en 1940. Il sert également pour l’armée française en Afrique du Nord puis de nouveau en France où il achève sa carrière militaire dans “un groupe de chasse (…) comme sergent spécialiste”.

Démobilisé fin 1945, il entreprend des études durant lesquelles il milite au sein des alors influentes Association et Fédération des étudiants africains en France avant de sortir de la Sorbonne diplômé en géographie.

A partir de 1951, il enseigne à Rosso (Mauritanie), Saint-Louis (nord du Sénégal) avant d’être dépêché pour l’Education nationale à travers son pays. Il voyage ainsi de la côte aux confins de l’hinterland, partageant la vie de paysans dont il se réclame pour avoir grandi en milieu rural.

A la casquette d’enseignant, s’ajoute celle du politique: ministre de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (1957-1958) dans le gouvernement sénégalais issu de la Loi-cadre (qui crée des Etats autonomes en Afrique occidentale française, AOF), opposant pendant huit ans au président Léopold Sédar Senghor avant d’être son ministre de l’Education (1968-1970), député (1970-1974)…

Amadou Makhtar Mbow est aussi réputé pour son passage à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), dont il a été sous-directeur général chargé de l’éducation puis directeur général (1974-1987).

Alors, pour lui, être sollicité pour diriger des “assises nationales” présentées comme “une solution concertée de sortie de crise” pour le Sénégal, c’est un autre combat à mener.

“C’est donc après mûre réflexion que j’ai accepté de présider ces assises”, a-t-il déclaré, maintenant son adhésion malgré les appels au boycott et de virulentes critiques de la majorité présidentielle, qui a toujours refusé ces assises co-organisées par l’opposition réunie au sein du Front Siggil Senegaal (Sénégal debout, en wolof).

“Au soir d’une vie aussi longue que la mienne (…) on ne peut se dérober”, a-t-il dit.

“Rester sourd serait un reniement de soi, surtout lorsqu’on a intégré très tôt dans sa vie les valeurs de solidarité des cultures africaines, confortées par le principe sacré du scoutisme que j’ai pratiqué dans mon adolescence: +toujours prêt à servir+”.

Et il a assuré, l’air serein: “C’est cet engagement de toute une vie qui, vous vous en doutez ne fut pas un long fleuve tranquille, qui me vaut encore d’être aujourd’hui parmi vous”.

Avec Seneweb

Author: La Rédaction

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