L’actualité politique africaine, principalement les trois dernières années, reste marquée par des séries de coups d’Etats. Les pays francophones occupent la première place de ce tableau sombre. Le dernier en date est le cas gabonais où le président Aly Bongo a été renversé au petit matin de ce mercredi 30 aout 2023 par un groupe de militaire, mettant un terme à ses 14 années de règne.
Ce recul démocratique inquiète déjà plusieurs hommes politiques. Pour le politologue Macky Bah, ce syndrome de renversement de régime s’explique en partie par le non respect des constitutions par certains dirigeants africains de l’espace francophone. “Je pense que ces coups d’Etats en répétition dans l’espace francophone sont dus notamment à la levée des verrous limitant le nombre de mandats présidentiels, les tripatouillages électoraux, la mauvaise gouvernance… sont entre autres facteurs déterminant de cette recrudescence de coups d’Etat. Sans faire l’apologie de la prise du pouvoir par les armées en Afrique, il faut dire que certains coups d’Etat sont salutaires. Quand vous prenez par exemple au Gabon, il vous souviendra que la famille Bongo règne dans ce pays depuis plus de 50 ans. Et l’arrivée au pouvoir d’Aly Bongo avait fait couler assez d’encre suite à la controverse relative à sa nationalité puisqu’au Gabon tout le monde disait qu’il a été adopté par la famille Bongo à la suite de la guerre du Biafra (Nigeria). Le même Aly Bongo puisqu’il avait fait le forcing en 2016 pour se maintenir au pouvoir a surpris plus d’un, malgré son état de santé fragile, par sa volonté de briguer un troisième mandat. Cette volonté encore de confisquer le pouvoir est sans doute le motif principal qui a amené les militaires gabonais à renverser le pouvoir d’Aly Bongo’’ rappelle tout d’abord l’analyste politique.
A la question de savoir si ces putschs ont un lien avec la politique française actuelle sur le continent africain, notre interlocuteur ajoute : “Je dirais que ces coups d’Etat sont un signal fort contre la politique française et non un signal anti français. C’est plutôt la politique paternaliste sous le couvert d’un néo colonialisme qui éclore au grand jour aujourd’hui, que les populations sont en train de contester. C’est cette politique que la jeunesse africaine, la nouvelle génération est en train de contester. Que ce soit au Mali, au Niger, au Burkina, peut être même au Gabon. Aujourd’hui c’est cette politique paternaliste qui est décriée. Certains pays africains, surtout francophones, ont tout à fait raison de rejeter cette nouvelle politique française avec véhémence d’ailleurs. Cette ingérence de la France dans les politiques intérieurs des pays n’est plus à tolérer’’, analyse le politologue.
Ces putschs à répétition ont-ils un impact négatif sur l’évolution démocratique dans le continent ? Macky Bah ajoute “Chaque coup d’Etat est en soit un recul démocratique, mais il faut aussi admettre que la mauvaise gouvernance des civils aussi qui confisquent les libertés publiques. Le népotisme, la gabegie financière, l’injustice ne sont plus des valeurs sur lesquelles se fondent un dirigeant. Il est évident que cela aussi représente en soi un recul démocratique. Ceci dit, moi je pense que la seule solution pour stopper les coups d’Etat en Afrique, il faut que les pays se dotent d’institutions fortes auxquelles personne ne peut déroger. Il est évident que nous aurons l’enracinement de la démocratie dans son vrai sens mais en plus chaque personne qui viendra au pouvoir saura déjà que quelque soit sa volonté de rester au pouvoir elle ne pourra pas se maintenir car les institutions fortes sont déjà là’’ conclut notre interlocuteur.
MLYans