Tragédie à N’Zérékoré : un tournoi de football vire au drame, la polémique enfle et l’ANAD demande des comptes

Dimanche 1er décembre 2024 restera une journée sombre pour la Guinée. À N’Zérékoré, la finale d’un tournoi de football organisé autour du trophée Général Mamadi Doumbouya s’est transformée en tragédie, causant des dizaines de morts et de blessés selon les premières informations. Alors que le pays attend encore un bilan officiel, les familles des victimes sont en deuil, et les voix s’élèvent pour interroger les causes profondes de ce drame.

Les condoléances affluent de toutes parts, notamment de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), qui a exprimé sa profonde douleur face à ces événements tragiques. Dans un communiqué publié la nuit du drame, l’organisation a également adressé ses vœux de prompt rétablissement aux blessés. Mais au-delà des messages de compassion, l’heure est à l’interrogation sur les responsabilités.

Des tournois sous tension politique

Depuis plusieurs mois, des tournois de football sont organisés à travers le pays, souvent associés au nom du Général Mamadi Doumbouya, chef de la transition. Ces événements, au-delà de leur aspect sportif, suscitent des débats houleux, car ils sont perçus par certains comme un moyen de promouvoir la candidature du Général Doumbouya à l’élection présidentielle, une perspective pourtant interdite par la Charte de la Transition.

Rappelons que l’article 46 de cette Charte, que le Général Doumbouya a solennellement juré de respecter, interdit formellement au président de la transition de se présenter à une élection. Lors de son accession au pouvoir, le dirigeant avait également pris un engagement sur l’honneur de ne pas participer aux prochaines échéances électorales. Pour l’ANAD et d’autres organisations critiques, les tournois à l’effigie du chef de la transition traduisent une violation flagrante de cet engagement et relèvent d’un « parjure » politique.

Une responsabilité partagée

Dans son communiqué, l’ANAD n’a pas mâché ses mots. Elle estime que le CNRD, dirigé par le Général Doumbouya, ainsi que tous ceux qui soutiennent activement une éventuelle candidature de ce dernier, portent une « lourde responsabilité » dans les tragiques événements de N’Zérékoré. Pour l’organisation, ces tournois, au-delà de leur aspect festif, participent à une instrumentalisation politique risquée dans un climat déjà fragile. « Ils devront en répondre devant le peuple de Guinée », avertit le communiqué.

Un appel à l’unité nationale

Face à ce drame, l’ANAD appelle les populations à tirer des leçons de cette « tragédie de trop ». Elle exhorte les citoyens à se mobiliser pour sauver la nation en cette phase critique de son histoire. « Ensemble, nous devons reprendre en main notre destin, aujourd’hui gravement hypothéqué », affirme l’organisation, qui plaide pour une défense des valeurs démocratiques et un avenir préservé pour la Guinée.

Une nation en quête de réponses

Alors que le pays se recueille, les questions fusent : comment une finale de football a-t-elle pu dégénérer en un événement aussi tragique ? Quelles mesures auraient pu être prises pour éviter une telle catastrophe ? Et surtout, comment s’assurer que le sport, si souvent utilisé comme outil d’unité, ne devienne pas un vecteur de violences ?

Dans les jours à venir, les autorités seront sans doute sommées de fournir des explications, tandis que les appels à la retenue et à la réflexion se multiplient. Une chose est certaine : la Guinée ne pourra tourner la page de cette tragédie qu’en répondant avec clarté et responsabilité aux interrogations soulevées par ce drame.

Author: La Rédaction

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