De nombreux acteurs politiques guinéens ne se font plus d’illusion et pensent que les autorités de la transition cherchent par tous les moyens à se maintenir au pouvoir, au delà de la période de 24 mois initialement accordée avec la CEDEAO. Les appels à l’union sacrée se font de plus en plus entendre.
Ce lundi 9 octobre 2023, le président du Model, qui est récemment revenu au pays, a donné une interview à nos confrères de la radio Fim Fm dans l’émission MIRADOR, sur la façon dont le colonel Mamadi Doumbouya mène la transition. Aliou Bah, pense que la façon dont les choses sont gérées dans le pays conduit à croire que l’idée d’un glissement de régime devient de plus en plus évidente. « Le glissement devient de plus en plus plausible au regard de tout ce qu’il y a comme combines, de ce qu’on est entrain de fabriquer, et lui-même (ndlr – Mamadi Doumbouya), j’ai l’impression, en le voyant, il commence déjà à intégrer ça dans sa façon de fonctionner. Et lorsqu’on le voit, c’est toute l’humilité qu’il a mise de côté et aujourd’hui on a envie d’exister et on a envie de se déguiser et à ressembler à quelqu’un, de donner une image. C’est le même langage que je lui ai tenu en public et c’est le même langage que je continuerai à lui tenir et tout ce qui lui miroite, cette possibilité de passer par la roublardise, pour ne pas respecter son engagement, sont ces ennemis dont il doit se débarrasser dès maintenant », a déclaré Aliou Bah.
A moins de quatorze mois de la fin de la transition, Aliou Bah fait savoir que rien n’est entrain d’être fait pour ramener la Guinée sur le chemin de la démocratie,« parce que ce qui va arriver, son engagement c’est janvier 2025, la junte militaire quitte le pouvoir et le pouvoir sera déjà dans les mains d’un président élu et nous sommes à un an de cette échéance, qu’est ce qui a été fait concrètement par rapport au processus électorale? C’est le chemin par lequel on sort de la transition. Par rapport au processus électorale, il y a des délais qui sont incompressibles aujourd’hui, qu’on ne peut pas rattraper et l’idée d’un glissement, l’idée a elle-même est inacceptable, à plus forte l’hypothèse et revenir par la suite attendre Octobre ou Août de l’année prochaine. S’ils veulent, ils peuvent fabriquer tous les arguments du monde, tout va se mettre sur place et nous saurons que la bonne foie n’y était pas. Ils ne peuvent pas justifier un quelconque retard pour obtenir un report et que cela soit rendu inacceptable », a déploré le président du Model.
Certains acteurs politiques, au regard de la tournure que la transition est en train de prendre, proposent un mémorandum commun de l’ensemble des acteurs politiques, y compris ceux qui ont pris part au cadre du dialogue. Une idée que soutient le président MoDeL. « Si les acteurs qui participent au cadre du dialogue prennent de la hauteur, ils ont intérêt de l’entendre parce qu’au bout, c’est la Guinée qui va en souffrir et c’est eux qui vont beaucoup perdre s’ils ne l’entendent pas. Nous avons besoin de nous parler, certes dans la contradiction mais de s’accepter et d’avancer ensemble. Nous sommes pratiquement à une année du respect des engagements, il ne faut pas attendre que la crise atteigne un certain niveau pour se parler parce que nous allons nous parler sous tension », a laissé entendre Aliou Bah dans l’émission Mirador ce lundi 9 octobre 2023.
Mamadou Samba Barry
