Transition : Les mouvements de soutien, une forme de business pour se partager l’argent public (Par Mohamed Traoré)

Depuis plusieurs semaines, des mouvements de soutien à la candidature du Président de la Transition à la prochaine élection présidentielle poussent comme des champignons à Conakry et à l’intérieur du pays.

Des membres du CNRD et du Gouvernement de Transition rivalisent d’ardeur, d’initiatives et d’imagination pour promouvoir cette candidature. On aurait pu être impressionné par le nombre remarquable de ces mouvements de soutien et les multiples manifestations organisées dans ce cadre, si on n’avait pas été témoin du même phénomène en 2020 quand il s’était agi de pousser Monsieur Alpha Condé à briguer un troisième mandat en violation de la Constitution qui était en vigueur.

Tout guinéen avisé est convaincu que la création de la plupart de ces mouvements de soutien constitue en fait une sorte de business pour se partager l’argent public. C’est devenu une nouvelle forme d’entrepreneuriat.

Aujourd’hui, on entend même certains dire avec une pointe d’ironie qu’ils vont créer eux-aussi leurs mouvements de soutien afin d’avoir de l’argent. Ils ajoutent même cette petite phrase : ‘’Qui est fou ?’’.

Ces mouvements de soutien tout comme les manifestations qu’ils organisent sont très souvent trompeurs. Sinon, le Président Alpha Condé n’aurait pas renversé aussi facilement le 5 septembre 2021. Il aurait dû y avoir quelques manifestations de protestation de la part de certains de ces mouvements.

En septembre 2015 au Burkina Faso, ce sont en grande partie des manifestations de rue qui ont fait échouer une tentative de coup d’État du Général Gilbert Djendjéré, ex-chef du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) sous Blaise Compaoré, contre le Gouvernement de Transition d’alors, dirigé par Michel Kafando. Mais en Guinée, aucun mouvement de soutien au Président Alpha Condé n’a levé le petit doigt.

D’ailleurs, la plupart de ceux qui avaient créé des mouvements de soutien en faveur d’un troisième mandat de ce dernier sont quasiment les mêmes qui soutiennent aujourd’hui une candidature du Président de la Transition. C’est dire que tout cela ne repose sur aucune conviction. C’est juste une question d’intérêts. Les mêmes sont capables de créer demain des mouvements de soutien en faveur d’un autre détenteur du pouvoir decrétal.

Mais quelles que soient les motivations des promoteurs de ces mouvements, le principe d’égalité des citoyens devant la loi voudrait que les citoyens qui ne sont pas favorables à la candidature du Président de la Transition aient aussi la possibilité de s’exprimer. C’est par ce moyen que ce dernier pourrait prendre l’exacte mesure de la situation. Mais tant que c’est un seul camp qui s’exprime à travers des concerts, des tournois sportifs, des réceptions, il y a une vision tronquée de la réalité.

En fin de compte, il n’y a aucune gloire, aucune fierté à tirer des manifestations que l’on voit actuellement dès lors que le camp opposé est privé du droit de s’exprimer.

Mohamed TRAORE

Author: La Rédaction

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