Ce sont nos confrères du site médiaguinée qui donnent l’information. La sous-préfecture de Foumbadou, située à 52 kilomètres de Lola, est en proie en des violences depuis vendredi 7 mars 2025, entre agriculteurs et éleveurs. Tout serait parti de l’installation des éleveurs qui seraient venus généralement du Mali avec des centaines de zébus qui détruisent sur leur passage leurs cultures. Ces cultivateurs dénoncent aussi la complicité des autorités locales, qui prennent selon eux, de l’argent aux éleveurs afin de faciliter leur installation. Pour ces récentes violences qui ont démarré, vendredi 7 mars, les citoyens que nous avons joints au téléphone se plaignent des dégâts causés par les zébus avec la complicité des autorités locales.
« Nous avons tout perdu ici à Foumbadou. Mais malheureusement pour nous, les autorités ne prennent pas en compte nos préoccupations. Quand il y a des plaintes, c’est toujours classé sans suite. C’est parce que les éleveurs parviennent à corrompre les autorités. Nous, nous sommes les victimes. Tout récemment, il y a des dizaines de zébus qui sont venus chez nous. Nous avons dénoncé mais sans suite. C’est pourquoi, certains de nos jeunes se sont levés pour interpeller les autorités que nous ne pouvons plus accepter cette réalité. C’est à travers nos productions que nous vivons. Trop c’est trop », s’est lamenté ce paysan.
Si les autorités soutiennent que le calme est revenu, force est de constater que plusieurs citoyens par peur d’être traqués par les services de sécurité sont en brousse , comme le témoignage ce citoyen.
« Je suis en cachette depuis hier. Ils sont en train de nous rechercher. Beaucoup de mes amis sont arrêtés. Notre plus grand mal est de dénoncer la présence des éleveurs et leurs animaux. Depuis leur installation dans notre village, les champs ne donnent plus. Présentement où je vous parle le village est totalement vide. Les autorités de Foumbadou et de Lola, ne défendent que les éleveurs. Nous avons interpellé les autorités locales à maintes reprises, mais malheureusement pour nous les autorités ont préféré défendre leurs intérêts en prenant de l’argent aux éleveurs maliens. On est vraiment fatigué de cette situation. En janvier 2024, il y a eu les mêmes problèmes chez nous. Ce sont les ministres de l’Agriculture et du Commerce qui étaient venus nous sensibiliser. Mais on s’était convenu à l’époque qu’aucun zébu ne devrait venir à Foumbadou. Mais malheureusement, cette convention a été violée par le président de la délégation spéciale. Et pourtant, il avait promis de défendre la communauté dès sa prise de fonction. Mais lui aussi a déçu le village. Les éleveurs du Mali viennent détruire nos cultures. Quand on proteste, il déplace les pickups des services de sécurité, pour venir nous ramasser parce qu’ils sont riches », a fait savoir ce jeune protestataire qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
Revenant sur la genèse de cette récente confrontation, notre interlocuteur précise: « Il y a un éleveur qui a baillé un terrain avec un jeune pour 5 ans pour 50 millions. Ils ont fait ce marché sans le consentement de la famille à laquelle appartient le domaine. C’est quand les animaux ont commencé à faire les dégâts que la famille a commencé à se plaindre. Une plainte a été faite contre l’éleveur. Il y a eu un consensus à la gendarmerie de rembourser l’argent de l’éleveur. Vu que la famille n’avait pas les moyens, le village a mobilisé 4 millions pour rembourser l’éleveur qui a déjà passé un an sur le domaine. Mais il a refusé de prendre l’argent. C’est ainsi que la famille a décidé de faire quitter les bœufs de leur parcelle. La famille est passée à la vitesse supérieure. Elle a pris quelqu’un pour faire des vidéos comme éléments de preuve.
C’est après ça que l’éleveur a juré de faire payer à la famille son acte. Il est parti voir le maire. C’est en complicité avec ce dernier qu’il a fait venir les services de sécurité pour ramasser les gens qui s’apprêtaient à couper le jeûne. C’était le sauve-qui-peut.
Pendant ce temps, le président de la délégation spéciale avait aussi préparé certains jeunes comme contre manifestants. C’est dans ces tensions qu’il y a eu des tirs d’armes. Après, il y a eu des renforts encore. Il y a eu la fusillade, un de nos amis a été touché au bras. Il a été envoyé à Lola pour des soins. Au moment où je vous parle, nous sommes en brousse. On a passé la nuit sans manger en cette période de pénitence », a confié ce manifestant.
De son côté, le chargé des conflits du bureau régional des éleveurs, Mamady Bamba, pense qu’il s’agit d’un petit groupe de jeunes qui seraient manipulés.
« On est toujours victimes de certains jeunes qui sont manipulés. Ces jeunes ont tué des dizaines de bœufs en brousse et en s’attaquant aux éleveurs. Ce n’est pas la première fois que nous assistons à cette situation. En 2024, des dizaines de bœufs y compris les biens des éleveurs avaient été saccagés. L’instigateur de ces violences c’est un certain Kourouma qui était déjà arrêté. Tout récemment, il a été libéré. Et c’est la même personne qui sème la terreur », a expliqué Mamady Bamba.
Selon nos dernières informations, plusieurs de ces jeunes qui avaient demandé le départ des autorités locales seraient déjà arrêtés et d’autres sont en cavale. Quant aux autorités, elles restent pour le moment injoignables.
Avec médiaguinee