Procès des évènements du 28 septembre : reprise des auditions des victimes

Le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit ce mercredi devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Après la fin de l’interrogatoire du capitaine Marcel Guilavogui hier mardi, c’est la reprise de la déposition des victimes.

La première appelée ce matin à la barre s’appelle Abdoul Hamid Diallo. C’est un comptable âgé de 43 ans. Il a expliqué au tribunal qu’il s’est rendu au stade dans la matinée du 28 septembre 2009 en partant du quartier carrière où il habitait. Mais avant d’y arriver, a-t-il confié, ce militant de l’UFDG dit avoir rencontré des obstacles avec ses amis.

D’abord au carrefour de Hamdallaye, puis à la Belle vue et à Dixinn non loin de la pharmacie Manizé. A ce niveau, a affirmé Abdoul Hamid, le colonel Moussa Tiégboro Camara a tenté de les empêcher de poursuivre leur chemin en tenant des propos offensants et menaçants. L’officier et ses hommes ont fini par céder suite à la pression des manifestants, selon le plaignant.

Quelques temps après son arrivée à Dixinn terrasse, il a constaté l’ouverture de la porte du stade qui était pourtant fermée. Abdoul Hamid Diallo a été informé par Dame Yarie Briqui du meurtre de deux personnes, mais il a poursuivi son chemin dans l’enceinte du stade, a-t-il rappelé.

Un de ses frères l’appelle à partir de Madina pour lui demander de sortir pour avoir vu des bérets rouges se diriger vers le stade, en vain. Entre temps, a poursuivi la victime, les coups de feu ont commencé à retentir. Elle a commencé à se chercher quand elle a vu les bérets rouges entrer au stade en tirant.

Après plusieurs tentatives, Hamid parvient à sortir du stade vers Landrea. Il dit être tombé sur des militaires. Un d’entre ces derniers lui a administré un coup avant de l’embarquer dans un camion.

Lui et d’autres manifestants ramassés en cours de route ont été conduits au camp Alpha Yaya Diallo, précisément au QG du CNDD, a indiqué ce membre du comité national des jeunes de l’UFDG. Certains parmi eux ont été débarqués à ce niveau. Ils étaient malmenés à coup de machettes, a révélé la victime.

Abdoul et 56 autres personnes interpellées ont été ensuite conduits dans les locaux de l’anti-drogue, dirigée à l’époque par le colonel Moussa Tiegboro où il dit avoir été témoin de beaucoup d’exactions exercées sur des manifestants interpellés. Abdoul Hamid y a passé une journée. Et il informe avoir subi des préjudices moraux et physiques. Il a été épargné de certains sévices corporels après s’être présenté comme un journaliste lorsqu’on l’a arrêté au stade. Au stade, il dit avoir vu beaucoup de corps.

Abdoul Hamid Diallo tient aussi, le capitaine Moussa Dadis Camara pour responsable des événements du 28 septembre 2009 parce qu’il était le président de la transition.

A sa suute,m d’Abdoul Hamid Diallo, c’est Amadou Bah qui a fait sa déposition. C’est un marchand né en 1971 à Lelouma. Il dit avoir porté plainte pour coups et blessures. Selon le quinquagénaire, il est parti de chez lui à Dixinn Pharma Guinée pour le stade dans la matinée du 28 septembre 2009 en vue de participer au meeting des Forces vives nationales.

Pour un début, il rebrousse chemin pour avoir trouvé les portes du stade fermées. Il est rappelé par ses amis pour lui dire que les portes sont désormais ouvertes. Il revient alors et entre dans l’enceinte du stade, a-t-il rappelé.

Il trouve la tribune pleine et prend place au niveau de la zone appelée Sahara. Quelque temps après, a affirmé le plaignant, les tirs commencent vers l’université Gamal. Il a ajouté que l’irruption des militaires au stade a créé la débandade. En dépit de tous les efforts qu’il dit avoir déployé, il n’a pas pu s’échapper.

Des agents ont fini par tirer sur lui au niveau du pied, a révélé Amadou Bah. Il accuse principalement les éléments de l’anti-drogue, dirigée à l’époque par le colonel Moussa Tiegboro Camara.

Après avoir reçu une balle, il est secouru par la croix rouge avant d’être hospitalisé à l’hôpital Donka. Il dit avoir trouvé d’autres personnes dans cet établissement hospitalier. Le jour où il y est arrivé, trois de ses compagnons d’infortune ont trouvé la mort devant lui, a témoigné ce militant de l’UFDG.

À Donka, le plaignant dit avoir passé trois mois sans recouvrer sa santé. Selon lui, il continue encore à traîner les séquelles de ses blessures et tient les autorités d’alors pour responsable de sa mésaventure. Amadou Bah reclame justice.

Author: La Rédaction

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